Au sud de Paris, un marché atypique attire chaque jour des milliers de visiteurs dans une discrétion toute relative. Situé à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, ce lieu est devenu le symbole d’une économie souterraine où les trafics prospèrent malgré les efforts des autorités. Derrière son apparente banalité, il se cache un vaste réseau d’échanges illégaux qui alimente une demande croissante pour des produits interdits.
Le marché Manouchian, niché au milieu d’entrepôts, est ouvert en permanence, jour et nuit, sans interruption. Ce lieu est un véritable point de ralliement pour une clientèle avide de biens à prix défiant toute concurrence. À l’entrée, des voitures patientent dans une file bien organisée, créant une atmosphère de « drive » informel. Les produits en vente vont bien au-delà des articles habituels : cigarettes de contrebande, protoxyde d’azote détourné en gaz hilarant ou encore des « miels aphrodisiaques », tous interdits ou réglementés.
Parmi les produits vedettes, le gaz hilarant, conditionné en bouteilles accompagnées de ballons, est vendu pour 15 euros. Ce produit, très prisé par les jeunes, est décrit par un policier local comme une véritable « spécialité » du marché, comme le rapporte Capital. Selon lui, le site constitue l’un des plus grands points de distribution de cette substance en Île-de-France.
Le tabac de contrebande, un commerce florissant dans le marché Manouchian
Outre les substances détournées, le tabac illégal représente une part importante de l’activité. Des marques comme Marlboro ou Dunhill, fabriquées en Afrique de l’Ouest, sont vendues à moitié prix par rapport aux tarifs pratiqués chez les buralistes. Ces cigarettes de contrebande attirent une clientèle large, contribuant à l’essor de ce marché parallèle. Selon une source policière, près de 8 000 paquets ont été saisis en une seule année, un chiffre qui témoigne de l’ampleur du trafic.
Les forces de l’ordre interviennent régulièrement pour démanteler les réseaux opérant sur place. Lors des grandes opérations, d’importantes quantités de produits sont confisquées, allant des paquets de cigarettes aux objets divers tels que des vélos ou des appareils électroménagers. « À chaque fois, on repart avec six ou sept bennes pleines », confie un officier, déplorant que les trafics reprennent aussitôt après les saisies.
Pour Pierre Bell-Lloch, maire de Vitry-sur-Seine, ces trafics perdurent en raison des sommes considérables qu’ils génèrent. «Les moyens qu’ils dégagent de la vente sont tellement importants que, pour l’instant, on n’arrive pas à les faire partir», a-t-il déclaré à Capital. Malgré les efforts déployés, les revenus engendrés par ces activités illégales garantissent leur résilience. Ce marché illustre ainsi les limites des actions ponctuelles et l’urgence d’une réponse globale face à une économie parallèle qui ne cesse de s’adapter et de prospérer.