Une étude de l’Unedic, qui s’est penchée sur l’évaluation de certaines mesures envisagées dans la future réforme de l’assurance chômage, anticipe des conséquences qui pourraient impacter jusqu’à un tiers des allocataires.
Alors que les nouvelles mesures de la réforme de l’assurance chômage n’ont pas encore été dévoilées par le gouvernement, l’Unedic, l’association chargée de la gestion de l'assurance chômage en France, a déjà évalué les répercussions sur les allocataires et les dépenses des possibles moutures du nouveau dispositif, à mettre en place dès juillet prochain.
Selon un document diffusé en interne par l’association et révélé par Le Monde, les nouvelles règles d’indemnisation envisagées pourraient impacter jusqu’à un tiers des allocataires. Le Premier ministre, Gabriel Attal, avait déjà révélé, en mars dernier, que la réforme porterait sur trois leviers possibles : les conditions d’éligibilité, le niveau d’indemnisation et la durée de l'indemnisation.
Derrière la quête du plein-emploi, des milliards d'euros d'économies
Actuellement, il faut cumuler six mois de travail sur les deux dernières années pour bénéficier de l’allocation. Selon le document révélé, si le temps de travail exigé est porté à sept mois, 11% des allocataires seront sanctionnés et le régime économisera 400 millions d’euros par an. La cagnotte à économiser grimpera à quelque 2,3 milliards d’euros avec 31% d’allocataires à exclure du régime si le temps de travail est porté à douze mois. Le taux des allocataires touchés atteindra 32% et les économies à engranger s'élèveront à 7,5 milliards d’euros par an si la période de travail est ramenée de deux ans à 18 mois.
Le durcissement de la condition d’éligibilité impactera principalement les allocataires de moins de 25 ans, ou ceux sortant d’un CDD ou d’intérim. « Cela confirme que seront touchées les personnes les plus éloignées de l'emploi, et de l'emploi de qualité. On ne voit pas bien le lien avec le plein emploi, on est sur des trappes à pauvreté », a souligné à l'AFP Olivier Guivarch, négociateur CFDT de l'assurance chômage.
La probabilité de réduire la durée d'indemnisation à 12 mois pour les moins de 53 ans impactera 45% des allocataires et générera près de 6 milliards d’économies, a calculé l’Unedic. Dans ce cas de figure, ce sont les plus de 25 ans, avec des allocations plus élevées que la moyenne ou se retrouvant au chômage après une rupture conventionnelle, qui seront les plus touchés. « Grâce à l'Unedic, on a des chiffrages que le gouvernement ne donne jamais. On voit que cela peut s'annoncer violent et réduire encore le nombre de personnes pouvant y avoir droit », s'inquiète Denis Gravouil, négociateur de la CGT sur l'assurance chômage.
Soutien du Medef et contre-proposition du groupe Liot
Le président du Medef, Patrick Martin, s'est exprimé sur France Inter sur la réforme de l'assurance chômage. « Nous sommes en soutien d'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, si elle peut déjà reprendre ce sur quoi nous nous étions accordés en novembre dernier avec les syndicats, dont une baisse des cotisations patronales, ce serait pas mal. Il faut avancer sur ce terrain-là », a-t-il déclaré
Il faut dire que les syndicalistes et des politiciens s'opposent à cette réforme. D'ailleurs, une proposition de loi sera présentée ce mardi 21 mai par les députés du groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer, et territoires) pour « protéger le modèle d’assurance chômage ». Le groupe présentera cette proposition en présence des dirigeants des cinq syndicats représentatifs (CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC).