À compter du 1er avril 2025, les règles d’indemnisation du chômage vont être durcies. Cette réforme, qui vise à réaliser plus de 3,46 milliards d’euros d’économies, touchera particulièrement les seniors et les créateurs d’entreprise. Alors que le gouvernement met en avant l’objectif de favoriser le retour à l’emploi, de nombreux demandeurs risquent de voir leurs allocations réduites.
La réforme prévoit plusieurs mesures visant à réduire les dépenses de l’Unédic, avec une coupe budgétaire estimée à 3,93 milliards d’euros sur les allocations. Parmi ces changements, la mensualisation des allocations de retour à l’emploi (ARE) entrera en vigueur dès avril. Désormais, le nombre d’allocations versées chaque mois sera calculé sur une base de 30 jours, quel que soit le mois, ce qui entraînera une diminution automatique des versements pour certains chômeurs.
Autre mesure phare, la réduction des droits pour les créateurs et repreneurs d’entreprise. Jusqu’à présent, ces derniers pouvaient cumuler intégralement leurs allocations chômage avec les revenus de leur nouvelle activité. Désormais, ce cumul sera limité à 60 % des droits restants après la création de l’entreprise. Cette modification devrait impacter 100 000 entrepreneurs dès la première année et entraîner une diminution progressive de leurs droits au fil du temps.
Les seniors, principaux perdants de la réforme de l’assurance chômage
Les demandeurs d’emploi âgés de 53 à 56 ans sont parmi les plus affectés. Jusqu’ici, les chômeurs de 53-54 ans pouvaient bénéficier de 22,5 mois d’indemnisation, tandis que ceux de 55 ans et plus disposaient de 27 mois. À partir du 1er avril, ces bornes d’âge seront repoussées de deux ans pour s’aligner sur le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans. Résultat, les 53-54 ans ne toucheront plus que 18 mois d’allocations, soit 137 jours de moins qu’aujourd’hui, et les 55-56 ans devront attendre 57 ans pour espérer une durée d’indemnisation plus longue.
De plus, le report progressif de l’âge permettant de toucher les allocations jusqu’à la retraite va priver environ 35 000 allocataires par an de cette aide, les obligeant à attendre 64 ans au lieu de 62 ans auparavant. Ces changements risquent de fragiliser une population déjà en difficulté sur le marché du travail, où l’emploi des seniors reste un défi, soulignent nos confrères de Capital.
Un impact fort sur les créateurs d’entreprise
Les nouvelles règles concernant l’Aide à la reprise ou à la création d’entreprise (ARCE) vont également restreindre l’accès aux aides financières. Désormais, le second versement de l’ARCE sera supprimé pour les entrepreneurs ayant retrouvé un emploi en CDI à temps plein. Cette restriction concernera environ 3 500 personnes par an, permettant à l’Unédic d’économiser 25 millions d’euros par an.
Ces modifications visent à éviter les effets d’aubaine, mais elles pourraient freiner certains projets entrepreneuriaux. De nombreux demandeurs d’emploi comptent sur ces dispositifs pour assurer une transition financière lors de la création de leur entreprise. Avec ce nouveau cadre, beaucoup devront revoir leur stratégie ou chercher d’autres sources de financement.
Une réforme qui divise
Si le gouvernement met en avant l’objectif de redynamiser le marché du travail, les syndicats dénoncent une réforme qui risque d’accentuer la précarité. Pour eux, ces restrictions ne tiennent pas compte des difficultés spécifiques des seniors et des créateurs d’entreprise, qui peinent souvent à retrouver un emploi stable.
Les débats autour de cette réforme restent vifs, et ses effets réels ne seront mesurables que dans les prochains mois. Une chose est sûre, les demandeurs d’emploi concernés devront s’adapter rapidement à ces nouvelles règles, qui marquent un tournant dans l’accès aux allocations chômage en France.