Le financement de la recherche en France est à nouveau au cœur des débats. Une réduction importante du budget inquiète les scientifiques, qui craignent des effets irréversibles sur les avancées technologiques et médicales. L’Institut Pasteur, en première ligne, appelle à un investissement pérenne dans ce secteur stratégique.
Le projet de loi de finances pour 2025 prévoit une baisse de 630 millions d’euros pour le secteur de la recherche et de l’enseignement supérieur, réduisant ainsi un budget initial de 27 milliards d’euros en 2024. Cette décision intervient alors que de nombreux défis, notamment dans le domaine de la santé publique, nécessitent des investissements conséquents et constants.
Yasmine Belkaid, directrice générale de l’Institut Pasteur, souligne que cette coupe budgétaire pourrait avoir des conséquences durables. « Si on diminue les investissements, on se rend extrêmement vulnérables et dépendants d’autres environnements pour trouver les solutions de demain », déclare-t-elle sur France Info, rappelant que la formation d’un scientifique demande en moyenne 20 ans d’efforts et d’investissements.
Un affaiblissement face aux crises sanitaires
La crise du Covid-19 a révélé la dépendance de la France envers d’autres nations pour le développement et la production de solutions biomédicales. Selon Yasmine Belkaid, diminuer les budgets alloués à la recherche rend le pays plus vulnérable face aux crises sanitaires futures.
Elle insiste sur le rôle crucial d’institutions comme l’Institut Pasteur, l’Inserm ou encore l’APHP, qui sont directement concernées par cette baisse. Une diminution des subventions impactera non seulement leurs travaux, mais aussi tout l’écosystème de la recherche française, freinant les progrès dans des domaines tels que les maladies infectieuses ou les biotechnologies.
En comparant la situation française à celle des États-Unis, Yasmine Belkaid met en lumière les failles du modèle hexagonal. Aux États-Unis, la recherche bénéficie d’un financement continu et conséquent depuis plus de 60 ans, ce qui a permis des avancées majeures, comme le développement rapide des vaccins contre le Covid-19.
En France, au contraire, les budgets alloués à la recherche fluctuent selon les cycles politiques, créant une instabilité qui freine les progrès. « La recherche ne devrait pas être sujette à des fluctuations politiques. Elle appartient à la société et doit être protégée sur le long terme », affirme-t-elle.
Un appel à une prise de conscience après la diminution du budget
Pour Yasmine Belkaid, cette diminution du budget est irréversible et met en péril la souveraineté scientifique et technologique du pays. Elle appelle les décideurs politiques à adopter une vision durable, garantissant un financement stable et pérenne pour la recherche.
Alors que les défis globaux, comme les pandémies et le changement climatique, se multiplient, la France doit, selon elle, investir massivement dans ce secteur stratégique. « Couper c’est quelque chose d’irréversible, prévient-elle, car c’est un investissement sur le long terme », conclut-elle sur France Info, espérant une réaction rapide pour protéger un pilier essentiel au progrès et à l’innovation.