Une étude publiée dans Nature Climate Change indique que 90% des stations de ski européennes sont menacées par le manque de neige. En France, où plus de 150 stations ont déjà cessé leurs opérations, près de 93 % des stations alpines et environ 98 % de celles situées dans les Pyrénées sont confrontées à une menace imminente en raison d'une élévation de 3°C des températures causée par les actions humaines.
D'après la revue, si le réchauffement planétaire atteint +3°C par rapport à l'époque préindustrielle, une trajectoire actuellement envisagée d'ici 2100, environ 91 % des stations connaîtront un risque très élevé de pénurie de neige, mettant ainsi leur survie en danger. « Le changement climatique futur va dégrader les conditions d'enneigement des stations de ski dans toutes les régions montagneuses d'Europe, comparé aux dernières décennies », explique Samuel Morin, chercheur à Météo-France et au CNRS, et coauteur de l'étude.
Le même intervenant explique que le niveau de risque considéré comme « très élevé » signifie qu'en moyenne, une année sur deux, l'enneigement dans une station de sports d'hiver sera aussi défavorable que ce qu'il était en moyenne une année sur 5 pendant la période de référence 1961-1990, considérée comme l'âge d'or du développement des stations. Il précise, cependant, que cela ne signifie pas une interruption immédiate du tourisme de ski en Europe, mais plutôt que toutes les stations devront faire face, de manière croissante, à des conditions de plus en plus difficiles. À terme, certaines stations pourraient même rencontrer des niveaux d'enneigement insuffisants pour leur fonctionnement.
Plus de 150 stations de ski ont fermé leurs portes en France
Ce constat préoccupant suscite des inquiétudes, surtout compte tenu du rôle crucial que le ski joue dans l'économie des régions montagneuses. L'Europe demeure le marché mondial le plus important pour le ski, abritant 2 234 stations. En France, selon les chiffres du gouvernement relayés par l'AFP, 120 000 emplois sont étroitement liés à la pratique des sports d'hiver en montagne. D'un autre côté, le recours à l'enneigement artificiel ne constituerait pas une solution complète pour pallier cette problématique, car 57 % des stations resteraient fortement menacées. L'étude fournit également des détails sur ces niveaux de risque à l'échelle locale. En France, où plus de 150 stations ont déjà fermé leurs portes, 93 % des stations alpines et 98 % de celles des Pyrénées sont en danger en cas d'augmentation de 3 °C des températures.
En revanche, une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre permettrait de réduire à la fois le risque de manque d'enneigement pour l'industrie du ski et le besoin de recourir à la production de neige artificielle, ainsi que la demande en eau, en électricité et les émissions liées à cette production. Si le réchauffement climatique demeure en deçà de +1,5 °C, seules 4 % des stations situées dans les Alpes françaises seront exposées à un déficit critique d'enneigement, et ce, sans nécessité de recourir à la neige artificielle.