En France, avoir une famille nombreuse est de moins en moins recherché par les couples. Selon une récente enquête de l’Ined, avoir deux enfants devient la nouvelle limite. Une tendance induite par de nombreux facteurs, qui a provoqué une baisse marquée des natalités. L’économiste Hélène Périvier et le professeur Patrick Rozenberg apportent leur éclairage sur ce phénomène.
Selon Hélène Périvier, économiste à l’OFCE – Sciences Po et présidente du Haut Conseil de la famille, la France fait face à un changement structurel des aspirations familiales. « Il y a cette norme familiale qui est beaucoup moins axée sur la famille dite nombreuse, c’est-à-dire trois enfants ou plus, mais beaucoup plus autour de deux maximum, et ça, c’est quelque chose qui est un peu nouveau et qui semble plutôt structurel. », a-t-elle expliqué à Radio France.
Et d’ajouter : « Les gens semblent plutôt dire que leur modèle de famille idéal, c’est plutôt deux enfants. » Le modèle traditionnel de la famille de trois enfants s’efface, laissant place à un maximum de deux enfants par foyer. Chez les jeunes femmes de moins de 30 ans, cette tendance s’accentue, avec un désir de 1,9 enfant selon l’enquête de l’Ined, contre 2,6 il y a dix ans. Selon 65% des sondés âgés entre 18 et 49 ans, avoir deux enfants est l’idéal.
L’impact de concevoir tardivement le premier enfant
L’Ined a souligné dans son rapport d’enquête que de nombreux foyers repoussent la première grossesse, en raison du coût financier qu’elle représente. D’autant plus que de nombreuses prestations sociales ne sont accessibles qu’à partir de la conception du deuxième enfant.
« Le décalage de la médiane d’âge a un rôle majeur dans la baisse de la fertilité et dans la diminution du nombre de naissances. » affirme le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, Patrick Rozenberg. Il explique que, en raison de ce report, la fertilité des femmes diminue avec l’âge, induisant ainsi une baisse systématique des natalités.
La natalité en France est en baisse en raison de la difficulté des femmes à concilier maternité et vie professionnelle
Ce changement structurel est sans doute l’un des principaux facteurs de la baisse de la natalité, qui a connu un recul de 21,5% en 2024 par rapport à 2010. Selon Hélène Périvier, la charge financière n’est pas le seul facteur qui dissuade les Français de concevoir des enfants.
« Il y a aussi la question pour les femmes de pouvoir poursuivre leur carrière. On sait qu’aujourd’hui, quand des couples ont des enfants, ce sont les femmes qui vont ajuster leur temps de travail.Et quand elles ajustent leur temps de travail, c’est pour elles une perte de revenus. », a-t-elle détaillé à Radio France.
Les femmes subissent des inégalités au travail en raison de la maternité, qui leur fait perdre des années de cotisation, causant ainsi une baisse de leur pension de retraite. Il s’agit d’un frein conséquent qui dissuade plus d’une femme à la conception.








