Programme économique du RN : les dépenses vont exploser et les recettes ne vont pas suivre, alerte l’Institut Montaigne

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Impact financier des promesses du RN : les dépenses vont exploser et les recettes ne vont pas suivre, alerte l'Institut Montaigne
Impact financier des promesses du RN : les dépenses vont exploser et les recettes ne vont pas suivre, alerte l'Institut Montaigne | Econostrum.info

Le programme du Rassemblement national pour la prochaine mandature sera étalé tout au long de la campagne pour les législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet 2024. Il comporte les promesses que le parti a déjà fait connaître en 2022.

L’Institut Montaigne a évalué les retombées financières des mesures qui devraient être mises en application si le RN venait à avoir la majorité. Les coûts de leur impact financier montrent l’écart abyssal séparant ces promesses de la réalité de la gestion financière d’un pays. Une crise avec l’Union européenne n’est non plus pas à écarter.

Retraite à 60 ans, prêt à taux zéro, baisse de la TVA à 5,5%, ou encore suppression des taxes foncières sont quelques projets du Rassemblement national qui viendraient se confronter à la réalité de la gestion des finances publiques. L’éventuelle application des promesses de campagne du RN coûterait aux finances publiques environ 120 milliards d’euros chaque année pour seulement 18 milliards d’euros d’économie, soit 100 milliards d’euros en tout. Les mesures porteraient également le déficit vers une hausse de 67%. 

Au chapitre des retraites, le RN semble déjà rétropédaler au vu des propos de son président, le 11 juin sur France 2, affirmant ne pas en faire une priorité. Le retour à un âge légal de départ à la retraite à 62 ans et 60 ans pour les personnes ayant entamé leur vie professionnelle avant 18 ans (avec 160 trimestres cotisés) coûterait aux finances publiques 26,5 milliards d’euros si la mesure est mise en application. Pire encore, elle peut atteindre 30 milliards d’euros en cas de réforme sur les retraites complémentaires. Il faut d’ailleurs savoir que l’actuel système des retraites devrait, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), enregistrer un déficit de 5,8 milliards d’euros en 2024.

En cas d’une majorité lui permettant de mettre à exécution son programme, le RN compte aussi exonérer les jeunes de moins de 30 ans de l’impôt sur le revenu. La mesure coûterait 3,7 milliards d’euros chaque année en plus des 500 milliards d’euros pour les PME ou encore la renationalisation des autoroutes, qui coûterait 40 milliards d’euros. Pour sa part, la baisse de la TVA à 5,5% sur les carburants, l’électricité, le gaz et le fioul domestique alors qu’elle est actuellement de 20% va amputer les finances de l’administration publique d’une bonne partie des rentes de cette taxe (14,5 milliards d’euros). Les coûts de ces opérations seraient financés à partir d’économies tirées des prestations sociales et de la réduction du personnel administratif des hôpitaux, selon l’Institut Montaigne qui les estime à 17 milliards d’euros.

Le RN en porte-à-faux avec les exigences de l’UE

Le RN compte également négocier une réduction de 5 milliards d’euros de la contribution française au budget de l’UE. Une promesse qui se heurterait immanquablement au refus de l’UE qui exige de la France l’engagement à réduire ses déficits de 0,5 point de PIB chaque année jusqu’à ce qu’elle atteigne un niveau acceptable.

D’ailleurs, la Commission européenne pourrait placer la France en « procédure de déficit excessif » à cause de la dérive des comptes de ces dernières années. Il faut savoir, en effet, que l’endettement public a grimpé de 98,2 % du PIB en 2018 à 110,6 % à la fin 2023, c’est-à-dire 1000 milliards de dettes supplémentaires. Ce qui met la France dans l’obligation de trouver environ 20 milliards d’économies pérennes chaque année. Aussi, le RN ne pourrait pas se défaire de ce cadre budgétaire déjà assoupli sans provoquer une crise avec l’UE.

Enfin, sous l’effet de l’éventuelle application de ces mesures, la dette s’établirait entre 115% et 120% du PIB. La méthode du RN rappelle le cas de l’ex-Première ministre britannique, Liz Truss, qui n’est restée à la tête de l’exécutif que 44 jours. Son « mini-budget » fait de baisses massives d’impôts et de cotisations sociales avec le financement par l’État d’une partie des factures énergétiques des entreprises avait, pour rappel, fait paniquer les marchés. L’effondrement de la livre avait fait réagir la banque d’Angleterre pour épargner le pays les effets de la faillite.

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