Des opérateurs téléphoniques continuent de faire payer à leurs clients âgés des services auxquels ils ont abusivement souscrit, même après leur décès. C’est ce que les enfants des victimes ont fini par découvrir, des années plus tard. Certaines démarches peuvent faire cesser ces prélèvements abusifs, mais elles ne permettent pas toujours de récupérer les sommes extorquées via ces procédés vicieux.
En examinant les documents administratifs de leurs parents et grands-parents, de nombreuses personnes découvrent des abonnements à des services téléphoniques chez des opérateurs inconnus. Les comptes des victimes, souvent des personnes âgées souffrant de maladies comme Alzheimer, continuent de subir des prélèvements pour des services auxquels elles ont souscrit abusivement. Des noms d’opérateurs, comme Monatel, Resofix, E Télécom ou One Two Tel, sont fréquemment cités.
Marie-Pierre raconte à l’association des consommateurs UFC-Que Choisir qu’en 2022, après le décès de son grand-père, elle a examiné ses documents. Elle a découvert que le défunt avait souscrit un abonnement pour sa ligne téléphonique chez Orange et un autre chez Monatel, un opérateur qu’elle ne connaissait pas. « Au début, je transférais les factures au notaire pour qu’il les règle. J’ai commencé à me poser des questions quand Orange a clôturé la ligne et que Monatel non seulement ne donnait pas suite à mes demandes de résiliation, mais en plus continuait à envoyer des factures avec des montants différents, comme si la ligne était toujours utilisée », témoigne-t-elle.
Après de vaines tentatives de joindre l’opérateur, Marie-Pierre s’est tournée vers sa banque qui a stoppé les prélèvements et l’association UFC-Que Choisir qui a réussi à mettre un terme aux envois. « Les prélèvements duraient au moins depuis 2017, s’indigne Marie-Pierre. À raison de 10 à 40 € par mois, mon grand-père s’est fait voler plusieurs milliers d’euros ».
Quelques procédés utilisés par ces opérateurs
En 2014, une enquête menée par la direction départementale de la protection des populations de Bordeaux a démontré que les opérateurs en question appelaient des personnes âgées, dont certaines étaient sous tutelle ou atteintes de la maladie d’Alzheimer, pour leur proposer des services téléphoniques. Ils leur faisaient miroiter des contrats de présélection dans le but d’accaparer la facturation de leurs communications téléphoniques. Pour les mettre en confiance, les opérateurs allaient jusqu’à se faire passer pour des agents de France Télécom.
L’enquête avait révélé une organisation tentaculaire composée de groupes chargés d’apprendre à d’autres personnes les méthodes d’escroquerie à la présélection. Quinze personnes ont été mises en examen et une procédure judiciaire a été ouverte en 2014. Selon l’UFC-Que Choisir, l’enquête vient seulement de se clôturer. Un procès est prévu dans au moins 18 mois. Certaines des sociétés accusées ont cessé toute activité, d’autres suspects sont interdits de gestion. Mais certains continueraient encore leurs activités, car, 10 ans plus tard, des victimes se font encore extorquer de l’argent.
Que faire si votre parent est victime de prélèvements abusifs ?
Si l’on découvre qu’un parent est victime de ces prélèvements, l’UFC-Que Choisir recommande d’envoyer un courrier de résiliation en recommandé avec accusé de réception à la société concernée. Faute de réponse ou de coordonnées, il faut recourir à la banque pour faire cesser les prélèvements. Les sommes versées ne sont généralement pas récupérées, à moins que la preuve de la pratique trompeuse ne soit apportée à la justice. La banque peut toutefois essayer de récupérer les sommes versées durant les 13 derniers mois, en s’appuyant sur le Code monétaire et financier.
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