Précarité en France : la pauvreté progresse malgré le recul du chômage (CNLE)

La pauvreté progresse en France malgré le recul du chômage, selon une étude du CNLE.

Publié le
Lecture : 2 min
Pauvreté
Précarité en France : la pauvreté progresse malgré le recul du chômage (CNLE) . Crédit : Canva | Econostrum.info

Entre 2015 et 2022, le taux de chômage en France est passé de 10,3 % à 7,3 %. Une évolution a priori positive pour le marché du travail, mais qui ne s’est pas accompagnée d’une réduction de la pauvreté.

Selon une étude publiée le 7 mai par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté est restée stable, voire en légère hausse. Le taux de pauvreté monétaire, calculé à partir de 60 % du revenu médian, est ainsi passé de 14,2 % à 14,4 %.

Cette contradiction apparente s’explique par plusieurs mécanismes. L’une des principales causes évoquées est la qualité des emplois créés. De nombreux postes nouvellement pourvus n’ont pas permis une réelle sortie de la pauvreté. Il s’agit souvent de contrats précaires ou à temps partiel, insuffisants pour garantir un niveau de vie décent. Parallèlement, la situation des personnes inactives, comme les retraités et les personnes en invalidité, s’est dégradée. Ces populations sont de plus en plus exposées à la précarité, indique le CNLE.

Pauvreté Pin
Capture d’écran d’un graphe retraçant l'(évolution du chômage et de la pauvreté publié par le CNLE

La pauvreté de plus visible dans les ressentis et les conditions de vie

L’étude du CNLE relève également une hausse marquée du sentiment de pauvreté. La part des Français se considérant comme pauvres est passée de 12,4 % à 18,7 % en sept ans. Ce ressenti s’est renforcé chez les 20 % les plus modestes, mais également dans les couches sociales juste au-dessus. L’indicateur de privation matérielle et sociale, qui mesure la capacité à couvrir des dépenses courantes comme se chauffer, posséder une voiture ou s’offrir des loisirs, a lui aussi augmenté, atteignant 13,1 % de la population.

Ce constat renforce l’idée que l’amélioration des indicateurs économiques globaux ne suffit pas à enrayer la progression de la précarité. La présidente du comité scientifique du CNLE alerte également sur l’effet de la dématérialisation de l’accès aux aides sociales, qui pénalise les personnes les plus fragiles. L’inadéquation des barèmes d’aides avec les besoins réels est aussi mise en cause. Des personnes ayant un emploi se retrouvent malgré tout en difficulté, faute de ressources suffisantes.

Le CNLE insiste sur la nécessité de repenser les politiques sociales pour qu’elles tiennent compte de cette dissociation entre emploi et amélioration des conditions de vie. La pauvreté, qui touche désormais une large partie de la population, ne pourra reculer sans une action coordonnée sur les salaires, le logement, l’accès aux soins et à l’aide administrative. L’étude plaide ainsi pour des outils plus adaptés aux réalités contemporaines, où l’emploi ne protège plus systématiquement de la pauvreté.

Laisser un commentaire

Partages