Selon un sondage réalisé récemment par le CSA pour le JDD, près de la moitié des Français, soit 44%, placent la question des dépenses à la tête de leurs préoccupations majeures. Une étude de l'Ifop pour MonPetitForfait met en évidence la pression grandissante sur le pouvoir d'achat, obligeant les Français à faire un nombre croissant de sacrifices et à réduire leurs habitudes de consommation.
Le pouvoir d'achat des Français s'effiloche
Toutes les enquêtes le démontrent : les Français sont contraints de manière croissante de baisser le budget qu'ils allouent à la consommation de biens. L'une de ces enquêtes, réalisée par l'Ifop, montre qu'« au 10 du mois, c’est-à-dire après le prélèvement des dépenses contraintes sur les comptes bancaires, 31 % des Français se retrouvent avec un reste à vivre de moins de 100 euros sur leur compte en banque, dont 10% à découvert ». Ainsi, près d'un Français sur trois se retrouve avec tout juste 100 euros à la dernière décade du mois. Les dépenses contraintes représenteraient donc 80 % du revenu des plus démunis.
Les effets dévastateurs de la baisse du pouvoir d'achat
La première conséquence est la réduction des dépenses alimentaires. Pas moins de 58% de Français avouent avoir réduit ces dernières au cours des douze derniers mois. À titre de comparaison, ils n'étaient que 29 % en 2007. Plus inquiétant encore : 51 % des sondés déclarent « sauter des repas » de manière régulière ou occasionnelle. Ce chiffre est en hausse de 7 points depuis juin 2022. De même, 41 % d'entre eux ont avoué avoir reporté des dépenses liées à leur santé lors de la même période. Ils sont « quasiment deux fois plus qu’il y a une quinzaine d’années lors de la dernière crise inflationniste (25 % en 2007) », souligne l'Ifop.
Le rythme de la hausse des prix est passé de 5,9 % en avril à 5,1 % en mai sur un an, selon les données publiées ce mercredi par l'Insee. En ce début de printemps la consommation de biens est restée en berne. https://t.co/j2KF7RACb1
— Les Echos (@LesEchos) May 31, 2023
34% des Français n'arrivent pas à payer leur loyer dans les délais
En somme, de nombreux Français sont contraints de réduire ou de remettre à plus tard la plupart de leurs dépenses, quelle que soit leur nature. Ils sont ainsi 34% à admettre « qu’il leur arrive de ne pas pouvoir payer à l’heure les charges liées à leur logement, soit une proportion en hausse de 5 points en dix-huit mois (29 % en octobre 2021) ». De manière plus anecdotique, ce sont 69 % des Français qui renoncent à aller chez le coiffeur par manque d'argent ! Pour ne rien arranger, les difficultés financières qui touchent les Français les plus modestes peuvent être à l'origine de troubles psychologiques graves.
Les troubles psychologiques et les pensées suicidaires en hausse
Cette insécurité financière peut être la cause, chez certains, d'anxiété, de troubles psychologiques, voire de pensées suicidaires. « Insécurité financière et détresse psychologique apparaissent liées si l’on en juge par la proportion de Français avec moins de 100 euros le 10 du mois dans les rangs des personnes affectées de pensées suicidaires : 47 %, soit deux fois plus que chez celles n’en souffrent jamais (28 %) », précise l'enquête.
La majorité des Français nourrissent une défiance envers le gouvernement
La précarité financière et la fragilité psychologique sont intimement liées. « La flambée actuelle des prix ne conduit pas qu’à rogner sur les conditions de vie matérielles des Français les plus pauvres, mais aussi à fragiliser leur santé mentale : les troubles anxio-dépressifs étant bien plus fréquents dans la fraction de la population la plus en difficulté financièrement, quel que soit l’indicateur retenu », commente François Kraus de l’Ifop. Une réalité économique qui contribue à renforcer le sentiment de défiance à l'égard du gouvernement. Ils sont, en effet, 73 % de Français à juger que le gouvernement ne fait pas assez pour lutter contre la hausse des prix.