L’économie française va-t-elle pouvoir souffler un peu avec le ralentissement confirmé de l’inflation. Peut-être, mais pas encore les ménages qui demeurent pénalisés par un pouvoir d’achat toujours restreint.
Les prix ont continué à se replier légèrement en novembre. Le ralentissement de l’inflation attendu est bien là. Au 1ᵉʳ décembre, la France est désormais à 3,8% d’inflation (données harmonisées européennes) et à 3,4% aux normes Insee, sur une année, contre 4% en octobre dernier. On est surtout bien loin du pic de 7,1% enregistré l’année dernière, alors que le monde faisait encore face à la pandémie de la Covid-19. « Cette baisse de l’inflation serait due au ralentissement sur un an des prix des services, de l’énergie et, dans une moindre mesure, des produits manufacturés et de l’alimentation », expliquait l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) le 30 novembre dernier.
La crise énergétique a compliqué davantage la crise post-Covid
L’économiste Stéphanie Villers explique que les choses auraient pu se corriger plus tôt sans la guerre en Ukraine : « Le premier déclencheur (de l’inflation), ça été la sortie de crise de la Covid, les usines se sont mise (à nouveau) en ordre de marche, les consommateurs ont repris également le chemin des commerces de détail et donc là ça a fait une pression sur l’offre, ce qui a induit une hausse des prix qui devait être temporaire, mais avec l’arrivée de la crise énergétique en février 2022 avec le déclenchement de la guerre en Ukraine… », a-t-elle soutenu, samedi 2 décembre, sur Franceinfo.
L’essentiel, c’est le présent, semble se dire, pour sa part, Bruno Le Maire, qui se félicite d’avoir « réussi à maitriser l’inflation en deux ans », estimant que boucler l’année « sous les 4% d’inflation […] est un véritable exploit économique, qui est dû aux politiques économiques des États de la zone euro ». Mais voilà que, pendant que l’inflation recule, le pouvoir d’achat, lui, ne progresse pas. Le consommateur est, en effet, loin de profiter de ce ralentissement de la hausse des prix. Les avis sont quasiment sceptiques malgré la revalorisation annoncée du Smic qui passerait à 1 406 euros au 1ᵉʳ janvier 2024 pour plus de 3 millions de personnes.
Vers une nette chute des prix
Marc Touati, économiste et président du cabinet ACDEFI, met en garde à ce sujet dans une chronique sur Capital : « Ce mouvement de baisse de l’inflation est loin d’être une excellente nouvelle. En effet, il correspond tout simplement à une des conséquences du retour de la récession. L’Histoire économique est d’ailleurs là pour nous rappeler que toutes les phases de forte inflation se terminent toujours par une chute de la consommation, puis par une récession, qui finit par faire baisser les prix : faute de combattants (c’est-à-dire de consommateurs), le combat cessa et les prix finirent par reculer… ».
D’ailleurs, fait-il remarquer encore, « en dépit d’une légère hausse corrective, l’indice Insee des perspectives d’achat des ménages est resté sur des planchers en novembre ». Pour le président de l’ACDEFI, la sortie du gouffre reste loin à trouver tant que les crédits sont plus chers. Car tant que les taux demeurent en hausse, « l’investissement des entreprises et des ménages, mais aussi la consommation baisseront davantage, alimentant la récession et la « machine infernale » continuera… Seule relative bonne nouvelle, cette récession provoquera une phase de nette baisse des prix ».
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