Selon l’Insee, le pouvoir d’achat des Français a progressé de manière significative en 2024, avec une augmentation de 2,1 %. Pourtant, de nombreux ménages continuent de percevoir une dégradation de leur situation financière. Une discordance que Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’Insee, attribue à des biais cognitifs influençant la perception de l’inflation.
Le pouvoir d’achat des ménages, mesuré par le revenu disponible brut, a progressé de 2,1 % en 2024, selon une note de conjoncture publiée par l’Insee le 17 décembre. Cette hausse est bien supérieure à celle de 2023, qui n’était que de 0,9 %. « Les salaires et les retraites ont fortement augmenté, davantage que les prix », a expliqué Jean-Luc Tavernier au micro de France Inter, rappelant que le revenu disponible brut des ménages a crû de 4,2 %, tandis que l’inflation atteignait 2 %. Par unité de consommation, qui permet de comparer les situations des ménages de tailles différentes, le pouvoir d’achat a progressé de 1,5 %, confirmant une amélioration globale.
Pourquoi les ménages ont le sentiment que leur pouvoir d’achat a baissé
Malgré ces chiffres, une majorité de ménages a le sentiment que leur pouvoir d’achat a diminué. Jean-Luc Tavernier pointe des biais cognitifs pour expliquer ce décalage. Selon lui, « on est plus sensible aux hausses qu’aux baisses, notamment pour les achats fréquents et très visibles comme les carburants ». Ce phénomène est accentué par les contraintes de liquidités, qui rendent les augmentations plus douloureuses pour les ménages aux budgets restreints. Par ailleurs, chaque ménage consomme un panier de biens spécifique, ce qui expose certains à une inflation plus forte que la moyenne nationale.
Cette perception négative impacte directement la consommation. « Les ménages, qui ont pourtant bénéficié d’importants gains de pouvoir d’achat à la faveur de la désinflation, hésitent encore à consommer et continuent de gonfler leur épargne », indique l’Insee. Ce comportement prudent limite la reprise de la consommation, essentielle au dynamisme de l’économie. La crainte d’une instabilité future alimente ces décisions, même en présence de revenus accrus.
Une perception diversifiée selon les ménages concernant le pouvoir d’achat
L’inflation perçue varie selon les profils de consommation. Les ménages modestes, qui consacrent une part importante de leur budget à des dépenses incompressibles comme l’alimentation et l’énergie, ressentent davantage les hausses dans ces secteurs. En revanche, les foyers aux budgets plus diversifiés peuvent bénéficier de l’accalmie sur d’autres produits, ce qui atténue leur ressenti global. Cette diversité complique l’interprétation unifiée du pouvoir d’achat.
Pour Jean-Luc Tavernier, réduire l’écart entre perception et réalité passe par une meilleure communication. « Il est essentiel de fournir aux ménages des clés pour comprendre les dynamiques économiques et corriger les biais cognitifs », estime-t-il lors de son entretien avec France Inter. Cette pédagogie pourrait inciter les ménages à adapter leurs comportements et à relancer leur consommation, soutenant ainsi l’économie.
En 2024, bien que les indicateurs économiques témoignent d’un gain de pouvoir d’achat pour la plupart des Français, la perception reste un frein à la consommation. Comprendre et réduire ces biais constitue un enjeu majeur pour réconcilier données objectives et ressentis individuels.
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