Des polluants éternels PFAS détectés dans l’air à Lyon : une première en France

Pour la première fois en France, une étude menée à Lyon révèle la présence de polluants éternels PFAS dans l’air ambiant. Ces substances chimiques, déjà connues pour leur persistance dans l’eau et les sols, sont émises notamment par des sites industriels situés au sud de la métropole. Alors que leur impact sanitaire dans l’atmosphère reste encore mal évalué, ces résultats soulèvent la question d’un renforcement de la surveillance et de la réglementation autour de ces polluants.

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Vue sur des usines de l'extérieur avec des cheminées qui évacuent de la fumée dans l'air pour illustrer la pollution aux PFAS
Des polluants éternels PFAS détectés dans l’air à Lyon une première en France | Econostrum.info

Une étude menée par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air, a révélé la présence de PFAS dans l’air ambiant à Lyon et ses environs. C’est la première fois en France que ces substances chimiques, déjà connues pour leur présence dans l’eau et les sols, sont mesurées directement dans l’atmosphère. Ces résultats posent de nouvelles questions sur l’impact sanitaire et environnemental de ces polluants persistants, notamment autour des sites industriels situés au sud de la métropole.

Les PFAS, ou perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés, sont des substances chimiques utilisées dans l’industrie depuis des décennies. Présents dans les textiles imperméables, les emballages alimentaires, les mousses anti-incendie et certaines peintures, ces composés sont extrêmement résistants et quasi indestructibles dans l’environnement, d’où leur surnom de polluants éternels.

L’étude menée par Atmo Aura a mis en évidence des niveaux élevés de PFAS dans l’air près de la plateforme chimique de Pierre-Bénite, à une dizaine de kilomètres au sud de Lyon. Ce site industriel abrite plusieurs usines, dont celles de Daikin et Arkema, connues pour utiliser ces substances dans leurs procédés de fabrication.

À proximité de cette zone, les concentrations relevées atteignent plusieurs centaines de picogrammes par mètre cube, tandis qu’en centre-ville de Lyon, elles sont d’une dizaine de picogrammes par mètre cube.

L’impact sanitaire des PFAS présent dans l’air encore difficile à mesurer

Si les effets nocifs des PFAS sur la santé sont aujourd’hui bien documentés, notamment leur lien avec certains cancers, des troubles hormonaux et des impacts sur le système immunitaire. Toutefois, il est encore difficile de quantifier les risques liés à leur présence dans l’air. Selon Marine Latham, directrice générale d’Atmo Aura, l’absence de valeurs de référence officielles empêche de déterminer si les taux relevés sont préoccupants.

Les concentrations mesurées à Lyon restent toutefois cohérentes avec les rares études menées à l’étranger, notamment au Japon, en Chine et aux États-Unis. La présence de PFAS dans l’air sur plusieurs kilomètres autour de leur source d’émission n’est pas une surprise, ces polluants étant facilement transportés par le vent tout en étant difficiles à éliminer.

Des mesures pour réduire les émissions industrielles

Face aux préoccupations environnementales croissantes, les autorités ont imposé ces dernières années de nouvelles règles aux industriels de la région lyonnaise. La préfecture du Rhône a ainsi annoncé que l’usine Daikin avait réduit ses rejets de PFAS dans l’air de 90 % depuis l’été 2024, tandis qu’Arkema a cessé en décembre l’utilisation d’un composé spécifique, le 6:2FTS, qui a été retrouvé dans les prélèvements effectués par Atmo, comme l’indique Le Figaro.

Ces mesures font suite aux révélations de plusieurs enquêtes journalistiques en 2022, qui avaient mis en lumière la contamination des eaux et des sols aux PFAS dans la vallée de la chimie, zone industrielle située au sud de Lyon. Depuis, la question de leur dispersion dans l’air était restée peu étudiée, d’où l’importance de cette première campagne de mesure.

Pour les chercheurs et les autorités sanitaires, cette étude représente un premier pas vers une meilleure compréhension de la pollution aux PFAS et de ses effets à long terme. L’objectif est désormais d’établir des seuils de référence, afin de pouvoir déterminer à partir de quel niveau ces substances deviennent un danger avéré pour la santé humaine.

L’initiative menée à Lyon pourrait ainsi ouvrir la voie à une surveillance plus stricte de ces polluants en France, avec la mise en place de nouvelles réglementations pour limiter leur dispersion. La question de la dépollution des zones contaminées reste néanmoins entière, les PFAS étant extrêmement persistants et difficiles à éliminer une fois présents dans l’environnement.

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