Le patron du mouvement des entreprises de France (Medef), Patrick Martin, ne cache pas ses appréhensions quant au plan d'économies annoncé par le gouvernement. Il se dit particulièrement inquiet pour l’investissement des entreprises qu’il voit menacées par la cure d'austérité.
Le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Patrick Martin, a exprimé ses préoccupations face à « la tentation de Bercy de remettre en question les dispositifs de soutien aux entreprises ». « Je suis très inquiet pour l'investissement de nos entreprises, alors qu'au contraire, il faut qu'elles puissent investir massivement pour développer l'intelligence artificielle, opérer leur indispensable transition écologique... », a plaidé le patron des patrons dans une interview accordée à La Tribune.
« Nous sommes face à un risque de décrochage structurel vis-à-vis de nos concurrents, notamment les États-Unis, qui investissent des milliards de dollars dans l'économie et attirent les entreprises européennes », a-t-il mis en garde. Au passage, il réitère l’importance de la suppression des impôts imposés à la production pour encourager la productivité.
« Les impôts de production pénalisent notre compétitivité. Au moment où la concurrence internationale redouble d'intensité, il faut tout faire pour permettre à nos entreprises de croître et d'embaucher », affirme-t-il. Patrick Martin trouve que des efforts restent également à faire en matière de charges sociales sur les salaires pour réduire le coût du travail pour les entreprises, qui est « de 12% plus élevé qu’en Allemagne ».
Revoir les coûts excessifs des administrations plutôt que de cibler l'entreprise
Pour améliorer « la situation critique », le chef d’entreprise oriente le gouvernement à se pencher plutôt sur ses propres dépenses. « L'État et les collectivités, ainsi que les systèmes de santé, doivent faire des efforts considérables afin de tenir leur trajectoire de réduction des déficits », a-t-il soutenu. Les économies, il faudra surtout voir du côté de « ces administrations » aux « coûts très excessifs ».
Patrick Martin prend, pour exemple, le secteur hospitalier : « En France, fait-il remarquer, 34% des effectifs de ce secteur sont des non-soignants, contre 25% seulement en Allemagne. Ce qui représente des milliards d'euros, sans que cela contribue directement à la santé des Français ». Pis, ces « surcoûts des administrations pénalisent les chefs d'entreprise, les agriculteurs et, bien entendu, les ménages », clame-t-il en insistant sur la nécessité de préserver l’entreprise.
La réforme de l'assurance chômage ne suffira pas pour parvenir au plein-emploi
Dans le cas contraire, « cela pèserait sur la croissance. Nous ne réussirons pas à atteindre le plein-emploi si nous sommes dans une trajectoire économique molle. Et j'ajoute que ce n'est pas seulement avec une réforme de l'assurance chômage que nous parviendrons au plein-emploi », résume-t-il. Pour lui, il est essentiel que « la stratégie de réindustrialisation de la France » ne s'enraye pas. Et pour y arriver, « l'État doit surtout s'employer à ce que le pays crée de la richesse... ».