Six mois après son lancement officiel, le plan d’épargne avenir climat (PEAC) peine à trouver sa place dans les offres des banques françaises. Destiné à financer des projets bas carbone, ce livret d’épargne a été conçu pour encourager les parents à mettre de l’argent de côté pour leurs enfants, tout en participant à la transition écologique. Pourtant, aucune grande banque ne propose encore ce produit.
Même des établissements réputés pour leur engagement écologique, comme La Banque Postale, n’ont pas intégré ce livret à leur catalogue. D’autres groupes bancaires, tels que Crédit agricole, Société Générale ou AXA France, ont également annoncé qu’ils n’envisageaient pas de le commercialiser à court terme. Les raisons invoquées incluent un potentiel de marché limité et la complexité de sa mise en œuvre.
Le plan d’épargne avenir climat, un produit innovant, mais confronté à de nombreux défis
Le PEAC, issu de la loi industrie verte, offre des avantages fiscaux comparables à ceux du Livret A. Les gains ne sont pas imposables, mais le capital est bloqué jusqu’à la majorité du titulaire, et les fonds sont investis dans des supports labellisés ISR (investissement socialement responsable) ou Greenfin. Cependant, ces caractéristiques rendent le produit plus risqué et moins attractif pour les banques, qui doivent engager des coûts de développement importants pour un marché jugé restreint.
Deux banques, BNP Paribas et le groupe BPCE, ont annoncé qu’elles prévoyaient de lancer le PEAC respectivement en 2025 et en avril. Pour les autres, l’attentisme domine, malgré une pression croissante pour aligner leurs offres sur des objectifs climatiques ambitieux. Selon certains experts, ces établissements n’auront « pas le choix » de s’aligner à terme, face aux attentes des consommateurs et des régulations futures.
Les banques face à un marché saturé
Le lancement de nouveaux livrets d’épargne par les gouvernements n’est pas une nouveauté, mais peu d’entre eux rencontrent le succès. Le marché est dominé par le Livret A, le LDDS (Livret de Développement Durable et Solidaire) et l’assurance-vie, qui concentrent à eux seuls 2 500 milliards d’euros. Les précédents produits d’épargne, comme le livret pour l’industrie évoqué en 2024 ou le livret d’épargne défense de 2023, ont échoué à s’imposer.
Les critiques à l’encontre des banques dénoncent un manque de proactivité dans la lutte contre le réchauffement climatique. Paul Schreiber, de l’ONG Reclaim Finance, souligne que la contribution du PEAC à la transition écologique reste marginale par rapport à des réformes structurelles plus ambitieuses. Le PEAC illustre les défis d’une finance verte dans un marché saturé et réticent au changement. Son succès dépendra de l’engagement des banques et des incitations à l’épargne durable.