Le nombre de pharmacies en France a diminué de 10 % au cours des dix dernières années, selon les données du Conseil national de l’ordre des pharmaciens. En 2025, il reste environ 20 200 officines dans le pays.
Cette tendance s’explique par la fermeture croissante de pharmacies, dont 85 % sont des fermetures « sèches », c’est-à-dire sans repreneur. Très peu de fusions ou de reprises de patientèles sont observées. Les difficultés économiques rencontrées par les pharmaciens sont principalement liées à la dégradation de leurs marges.
Selon Philippe Vergnes, président du syndicat des pharmaciens de la Haute-Garonne, ces fermetures sont en grande partie dues à une baisse des marges sur les médicaments remboursés. En parallèle, les charges, telles que les loyers, l’électricité et les hausses de salaires, ont considérablement augmenté. Catherine André, journaliste économique de LCI, a précisé que ces pressions financières rendent les petites structures particulièrement vulnérables.
Les pharmacies rurales les plus touchées
Les pharmacies de quartier, en particulier celles situées en milieu rural, sont les plus affectées par ces difficultés. Les fermetures y sont plus fréquentes, ce qui entraîne un déclin de l’accès aux soins pour les populations de ces zones. L’experte en santé souligne que, bien que le réseau de pharmacies reste relativement dense en France, il devient plus clairsemé dans les zones rurales, réduisant ainsi l’accessibilité aux soins pour ces habitants.
Ces fermetures posent des défis importants pour le système de santé, en particulier pour les personnes vivant dans des régions moins desservies par les soins médicaux. La concentration de pharmacies dans les zones urbaines pourrait aggraver les inégalités d’accès aux soins, en particulier pour les personnes âgées ou celles ayant des difficultés de mobilité.
31 communes ont perdu leur dernière pharmacie en milieu rural
Depuis le début de l’année 2025, 31 communes ont perdu leur dernière pharmacie en milieu rural. En 2023, 23 pharmacies par mois avaient fermé, un rythme soutenu qui montre l’accélération du phénomène. De 2009 à 2024, 316 communes ont vu disparaître leur dernière officine, principalement dans des zones de moins de 1 000 habitants. La perte de pharmacies a conduit à une augmentation de 18 % du nombre de communes où l’accès à une pharmacie dépasse 15 minutes en voiture.
Les témoignages des pharmaciens ruraux, recueillis par l’enquête menée par « Action pharmacie rurale », montrent que les difficultés de recrutement, l’isolement professionnel et la baisse de fréquentation liée à la diminution des médecins traitants sont des facteurs déterminants dans cette crise.
Des initiatives comme l’ouverture d’antennes de pharmacie, expérimentées dans plusieurs régions de France, sont envisagées comme solution pour maintenir l’accès aux services pharmaceutiques dans ces zones touchées. Cette approche pourrait permettre de continuer à servir les populations rurales, même lorsque les officines ferment définitivement.
Le déclin des petites officines, notamment en milieu rural, est un phénomène préoccupant qui nécessite une réflexion sur l’avenir du maillage pharmaceutique en France. Les enjeux économiques et la dégradation des marges des pharmaciens sont au cœur de cette problématique, et des solutions pourraient être nécessaires pour soutenir les pharmacies indépendantes, particulièrement dans les zones les plus vulnérables.








