Le 18 novembre 2025, le tribunal judiciaire de Nanterre a rendu une décision en faveur de Nestlé Waters, autorisant la marque Perrier à poursuivre la commercialisation de ses bouteilles sous l’appellation « eau minérale naturelle ».
Cette décision fait suite à une procédure en référé lancée par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui contestait l’utilisation de cette appellation pour les eaux Perrier, estimant que le procédé de microfiltration utilisé modifiait les caractéristiques naturelles de l’eau, ce qui la rendait inéligible à cette désignation. L’UFC-Que Choisir avait argué qu’un risque pour la santé des consommateurs existait en raison des traitements appliqués à l’eau, notamment la microfiltration, et avait demandé l’interdiction de commercialiser ces produits sous l’appellation « eau minérale naturelle ».
L’association estimait que ce procédé constituait une « tromperie » et mettait en danger les consommateurs en leur faisant croire que l’eau était d’origine naturelle, sans modification. Cependant, le tribunal a jugé que « l’existence d’un risque sanitaire pour le consommateur » n’était « nullement établie » avec l’évidence requise en référé, et que les demandes d’interdiction et de retrait des produits du marché étaient irrecevables. En conséquence, Nestlé Waters a été autorisé à maintenir l’étiquetage de ses bouteilles Perrier sous cette appellation. L’UFC-Que Choisir, quant à elle, a été condamnée à verser 5 000 euros à Nestlé Waters pour couvrir ses frais de justice.
Les pratiques de microfiltration et les contestations
Nestlé Waters, qui produit l’eau Perrier, avait précédemment admis avoir utilisé des traitements interdits tels que le charbon et les UV dans le cadre de la purification de ses eaux, mais ces procédés ont été abandonnés et remplacés par la microfiltration. La microfiltration est un procédé qui consiste à filtrer l’eau à l’aide de membranes fines pour éliminer les impuretés, et qui a été jugé conforme aux normes sanitaires par les autorités. Cependant, ce traitement a soulevé des interrogations sur sa légalité au regard des exigences strictes concernant l’appellation « eau minérale naturelle », qui interdit tout procédé modifiant la composition naturelle de l’eau, sauf pour éliminer certaines substances telles que le fer ou le manganèse.
Nestlé Waters a précisé que ce procédé de microfiltration à 0,2 micron avait été validé par les autorités compétentes et a fait l’objet d’un plan de transformation validé par le gouvernement en 2023. Ce changement a été réalisé pour répondre aux préoccupations soulevées par les enquêtes de presse sur l’utilisation de traitements précédemment considérés comme non conformes.
L’UFC-Que Choisir, malgré la décision du tribunal, maintient sa position et estime que la commercialisation actuelle de Perrier sous l’appellation « eau minérale naturelle » constitue une « tromperie » vis-à-vis des consommateurs. L’association met en avant la nécessité de clarifier la réglementation autour de l’utilisation de la microfiltration pour protéger la pureté de l’eau minérale naturelle.
Impact de la décision sur les ventes de Perrier
Malgré la polémique, la décision du tribunal n’a semble-t-il pas affecté les ventes de Perrier, qui demeurent stables. Nestlé Waters a affirmé que les ventes de ses produits étaient en croissance, notamment en raison des conditions climatiques favorables à la consommation d’eau en été. En revanche, les ventes des bouteilles fines bulles de Perrier ont diminué, en raison de la suspension des forages affectant la production de ce produit spécifique.
Cette décision de justice permet donc à Perrier de continuer sa commercialisation sous l’appellation « eau minérale naturelle », tout en poursuivant ses démarches pour clarifier les exigences légales entourant la microfiltration. Cependant, la question de la légalité de ce traitement reste en suspens, en attendant les décisions préfectorales concernant les demandes d’autorisation déposées par le groupe. Cette affaire continue de soulever des débats sur les normes qui encadrent l’étiquetage des eaux en France.








