Derrière l’idée d’une retraite « moyenne », il existe en réalité des écarts considérables entre les retraités. Le montant de la pension dépend certes du déroulé de la carrière et du niveau des rémunérations, mais aussi du régime d’affiliation. Une analyse récente de la Drees met en lumière ces contrastes, révélant un système où certains bénéficient de règles nettement plus avantageuses que d’autres.
Si les pensions diffèrent autant, c’est avant tout une question de méthode de calcul. Dans plusieurs régimes spéciaux encore en vigueur, la pension est déterminée à partir des derniers mois de carrière, ceux où les salaires atteignent leur sommet. Comme le détaille Marie-France, cette règle s’applique notamment dans les industries électriques et gazières, où les anciens agents perçoivent en moyenne 3 068 euros brut par mois par la Caisse nationale des industries électriques et gazières (CNIEE). La Banque de France suit avec 2 744 euros, puis la RATP avec 2 666 euros. La fonction publique d’État se situe également dans le haut du tableau, portée par un calcul sur les six derniers mois hors primes non pensionnables.
À l’inverse, les salariés du privé voient leur retraite de base calculée sur les 25 meilleures années. Ce système, beaucoup plus étalé, réduit mécaniquement l’effet d’une fin de carrière ascendante. La complémentaire Agirc-Arrco vient améliorer la situation, sans pour autant effacer l’écart avec les régimes les plus avantageux.
Les retraités qui subissent un calcul défavorales
À l’autre bout de l’échelle, certains retraités doivent composer avec des montants très faibles. Les salariés agricoles touchent en moyenne environ 272 euros brut par mois, et les non-salariés agricoles autour de 415 euros même après prise en compte de leurs complémentaires. Les artisans et commerçants, dont les revenus fluctuent fortement au cours de la vie, subissent, eux aussi, un mécanisme de calcul défavorable, qui laisse souvent leur pension sous la barre des 1 000 euros.
Un autre facteur structurel pèse lourd : les inégalités de genre. Les femmes touchent en moyenne 1 306 euros brut de droit direct, contre 2 089 euros pour les hommes. Les interruptions liées à la maternité, la fréquence du temps partiel et des rémunérations plus faibles marquent durablement les droits à la retraite.
Au final, la pension moyenne de droit direct atteint environ 1 666 euros brut par mois selon la Drees. Une moyenne nationale qui masque des réalités très éloignées les unes des autres. Et si la fermeture progressive de certains régimes spéciaux finira par réduire une partie des écarts, cela transformera peu la situation des retraités déjà partis. Pour les actifs actuels, maîtriser les règles de leur régime et anticiper les périodes faibles reste indispensable pour préparer une fin de carrière plus sereine.








