Une étude menée par l’Institut des politiques publiques (IPP) en collaboration avec l’Ined, relayée par La Tribune, met en lumière les écarts importants de niveau de vie à la retraite selon le statut conjugal.
Alors que le système français repose sur le principe individuel (chacun cotise pour sa propre retraite), la pension de réversion constitue une exception. Elle permet au conjoint survivant de percevoir une partie de la retraite du défunt, offrant un avantage net aux couples mariés, tandis que les pacsés, partenaires en union libre ou personnes vivant seules restent exclus.
Les mariés bénéficient d’un gain caché
L’étude en question précise que la réversion représente près de 39 milliards d’euros et touche environ quatre millions de retraités. Son objectif est officiellement de maintenir le niveau de vie du conjoint survivant, ce qui n’est pas le cas pour les autres statuts. Les chercheurs rappellent que le niveau de vie ne dépend pas seulement de la retraite personnelle, mais aussi de la vie en couple et des économies d’échelle qu’elle permet.
L’analyse statistique révèle que 56 % des femmes et 64 % des hommes sont mariés au début de leur retraite. Les femmes mariées ont une retraite personnelle moyenne de 1 330 euros par mois, inférieure à celle des célibataires ou divorcées, qui se situe entre 1 500 et 1 600 euros. Mais lorsque la mutualisation des revenus et les économies d’échelle du couple sont prises en compte, leur niveau de vie réel atteint 2 340 euros par mois. Pour les hommes mariés, la retraite personnelle est plus élevée que pour les femmes, et la vie en couple augmente également le niveau moyen grâce aux économies partagées.
Après le décès du conjoint, la pension de réversion permet de maintenir ce niveau de vie. Pour les femmes mariées, la retraite passe légèrement à 2 280 euros par mois, tandis que pour les hommes mariés, elle peut même augmenter à 2 630 euros.
Une inégalité pour les non-mariés
Pour les pacsés ou les partenaires en union libre, aucune réversion n’est prévue. En cas de décès du partenaire, leur retraite revient à leur niveau personnel, entraînant une chute significative du niveau de vie et la perte des avantages liés à la vie en couple. L’étude souligne ainsi une inégalité structurelle : la réversion favorise clairement les couples mariés, créant un écart durable avec les autres statuts conjugaux.
Les chercheurs suggèrent qu’une réforme pourrait s’inspirer de trois axes principaux. D’abord, compenser les effets de la parentalité sur les carrières afin que les droits propres des parents soient mieux protégés. Ensuite, prendre en compte les personnes vivant seules pour compenser l’absence de mutualisation et d’économies d’échelle. Enfin, prolonger la solidarité financière après le décès du conjoint pour maintenir un niveau de vie satisfaisant, quel que soit le statut conjugal.
Cette étude met en lumière la tension entre un système de retraite individualisé et la réalité des écarts de niveau de vie selon le couple. Alors que les unions libres et le pacs se développent, le maintien de la réversion exclusivement pour les mariés pose une question d’équité qui pourrait peser sur l’avenir de la retraite en France.








