Les foyers très riches en France se répartissent entre ceux qui possèdent un patrimoine conséquent et ceux dont les revenus annuels dépassent largement la moyenne nationale. L’étude de la DGFiP met en lumière des différences marquées entre ces catégories et l’ensemble de la population. Quels sont leurs revenus, leur patrimoine et leur profil sociologique ?
Les 0,1 % des foyers français les plus riches se divisent en deux groupes distincts. Ceux qui disposent d’un patrimoine exceptionnel (THP) représentent 40 700 foyers, tandis que ceux bénéficiant de revenus très élevés (THR) sont au nombre de 40 700 également. Quelque 6 900 foyers cumulent les deux statuts.
Pour intégrer la catégorie des très hauts patrimoines, un ménage doit posséder au moins 2,7 millions d’euros d’actifs, incluant immobilier et placements financiers. En moyenne, ces foyers détiennent 10,2 millions d’euros de patrimoine, un chiffre qui a quasiment doublé entre 2003 et 2016. Contrairement au reste de la population, dont la richesse repose principalement sur l’immobilier, 79 % du patrimoine des THP est composé d’actifs financiers et de parts d’entreprises.
Quant aux très hauts revenus, ils doivent déclarer un revenu annuel supérieur à 463 000 euros. En moyenne, ces foyers gagnent 1,03 million d’euros par an, soit plus de 30 fois le revenu moyen des autres ménages.
Un patrimoine qui progresse plus vite que la moyenne
Depuis 2003, la progression de la richesse des très hauts revenus a été bien plus rapide que celle du reste de la population. Les THR ont vu leurs revenus augmenter de 119 % en 20 ans, contre 46 % pour les autres foyers.
Cette accélération s’explique par plusieurs réformes fiscales, notamment la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (« flat tax« ) en 2018, qui a réduit la taxation des revenus du capital. Les placements financiers et dividendes sont ainsi devenus une source de richesse encore plus importante pour ces foyers.
Toutefois, ces revenus élevés sont plus sensibles aux crises économiques. En 2009, lors de la crise des subprimes, les THR ont vu leurs revenus baisser de 8,5 %, et en 2012, avec la crise des dettes souveraines, la diminution a atteint 6,4 %.
Des profils plus âgés et plus souvent mariés
L’étude de la DGFiP met en évidence des différences marquées entre les très riches et le reste de la population. Parmi les très hauts patrimoines, 76 % ont plus de 61 ans, ce qui reflète un processus d’accumulation de richesse sur le long terme. En revanche, chez les très hauts revenus, seuls 32 % ont plus de 61 ans, une proportion proche de celle observée dans la population générale.
L’un des points communs entre ces ménages est leur stabilité matrimoniale. Les THP et THR sont majoritairement mariés (69 %), contre 42 % pour le reste des Français. Les célibataires et divorcés ne représentent que 16 % des très riches, alors qu’ils constituent 58 % des autres foyers, détaille l’étude rapportée par BFM.
Un débat persistant sur la justice fiscale
L’enrichissement rapide des foyers très aisés relance le débat sur la justice fiscale en France. Certains économistes et responsables politiques estiment que les allègements fiscaux sur les hauts revenus et les placements financiers ont contribué à accroître les inégalités.
D’autres considèrent que cette concentration de richesse permet de stimuler l’investissement et la croissance économique, notamment à travers le financement des entreprises et des projets innovants. Cependant, la question de la taxation des grandes fortunes et du retour d’un impôt sur le patrimoine plus large reste un sujet de discussion au sein du gouvernement et des instances économiques.
Si les tendances actuelles se poursuivent, la concentration de la richesse dans les mains d’une minorité pourrait encore s’accentuer, alimentant les tensions sur la répartition des richesses et l’équilibre fiscal en France.