En France, un Français sur dix vit dans un logement énergivore, classé F ou G au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Ces logements, dits passoires thermiques, représentent un défi majeur pour la transition énergétique du pays. Avec l’objectif de réduire leur nombre, des mesures législatives viennent encadrer leur location, tandis que les propriétaires cherchent des solutions pour améliorer la performance énergétique de leurs biens.
Au 1er janvier 2024, le Service des données et études statistiques (SDES) recensait 5,8 millions de logements classés F ou G, soit environ 15,6 % du parc immobilier français. Ces logements, dont la consommation énergétique est particulièrement élevée, sont aujourd’hui considérés comme un frein à la transition énergétique.
Si les logements classés E ne sont pas encore concernés par des interdictions de location, ils le seront à partir de 2034, ce qui devrait accentuer la pression sur les propriétaires pour rénover leur bien. Parmi les résidences principales, 13,9 % sont des passoires énergétiques, et parmi les résidences secondaires, cette proportion monte à 26,6 %. Les logements vacants sont également touchés, avec 600 000 unités concernées.
Une majorité de propriétaires occupants dans les passoires énergétiques
Les passoires thermiques sont principalement occupées par des propriétaires. En effet, 61 % des résidences principales classées F ou G sont habitées par des propriétaires occupants. Dans le secteur locatif privé, on dénombre environ 1,3 million de passoires énergétiques, dont 567 000 logements classés G et 737 000 logements classés F.
L’Île-de-France est la région la plus touchée, comptant plus d’un million de logements énergivores. Elle est suivie par la Bourgogne-Franche-Comté et l’Auvergne-Rhône-Alpes, qui représentent des zones avec des taux de passoires thermiques particulièrement élevés.
Les logements considérés comme des passoires thermiques sont majoritairement des maisons individuelles de 80 m² construites avant 1948, souvent chauffées à l’électricité. Ce type de bien est particulièrement vulnérable en raison de la faible isolation des matériaux utilisés à l’époque.
Ces maisons, souvent situées dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants, cumulent plusieurs facteurs défavorables : mauvaise isolation, équipements de chauffage obsolètes, et un bilan énergétique catastrophique qui génère des factures de chauffage élevées. Cette situation touche aussi bien les propriétaires que les locataires, dans la mesure où les coûts de consommation d’énergie sont souvent répercutés sur les occupants.
Les conséquences de la réglementation sur la location des passoires thermiques
La loi sur l’interdiction de la location des logements classés F et G commence à entrer en vigueur avec des sanctions croissantes pour les propriétaires. D’ici 2028, les propriétaires de logements de classe G devront engager des travaux pour améliorer la performance énergétique de leurs biens sous peine de ne plus pouvoir les louer. Par ailleurs, les logements de classe E ne seront plus autorisés à la location à partir de 2034.
Ce durcissement des règles met une pression supplémentaire sur les propriétaires pour rénover ou rénover énergétiquement leurs biens. Les solutions passent souvent par des travaux d’isolation ou la mise en place de systèmes de chauffage plus performants, mais ces rénovations représentent des investissements conséquents. Les aides gouvernementales, comme MaPrimeRénov’, peuvent contribuer à financer ces travaux, mais une grande partie des propriétaires de passoires thermiques restent réticents à l’idée d’engager ces rénovations coûteuses.
Une prise de conscience nécessaire pour la transition énergétique
La présence de passoires thermiques en nombre élevé constitue un défi pour la transition énergétique en France. Si des efforts sont faits pour encourager les rénovations énergétiques, la législation sur la location des biens énergivores et l’accélération des rénovations restent des priorités pour le gouvernement. Le renouvellement énergétique du parc immobilier, particulièrement les biens anciens, est indispensable pour réduire la consommation d’énergie et atteindre les objectifs climatiques du pays.
Les propriétaires de logements énergivores, surtout ceux en zone urbaine dense, devront faire face à une réglementation de plus en plus stricte. Pour les locataires, ces passoires thermiques représentent souvent une charge financière considérable en raison des factures de chauffage élevées, ce qui souligne la nécessité d’une réforme structurelle pour lutter contre cette problématique.