Passoires thermiques : doit-on se méfier de la fiabilité des diagnostics de performance énergétique (DPE) pour les logements G ?

Avec l’interdiction de location des logements classés G depuis janvier 2025, les diagnostics de performance énergétique (DPE) sont plus que jamais au cœur des préoccupations des propriétaires. Une étude récente pointe cependant des écarts importants entre les estimations et la consommation réelle d’énergie, remettant en question la fiabilité de ces évaluations et les contraintes qu’elles imposent.

Publié le
Lecture : 2 min
une maison en bois devant plusieurs piles de pièces sur lesquelles poussent des plantes vertes
Passoires thermiques doit-on se méfier de la fiabilité des diagnostics de performance énergétique (DPE) | Econostrum.info

Depuis le 1er janvier 2025, les logements classés G au Diagnostic de performance énergétique (DPE) ne peuvent plus être mis en location, renforçant ainsi la lutte contre les passoires thermiques. Cependant, une étude du Conseil d’analyse économique remet en cause la fiabilité des diagnostics, soulignant un écart significatif entre la consommation d’énergie théorique et la réalité.

L’analyse des chercheurs montre que les DPE ont tendance à surestimer la consommation énergétique des logements. Une des raisons avancées est le comportement des ménages : lorsqu’un logement est peu performant, ses occupants ont tendance à chauffer moins pour limiter les coûts. À l’inverse, dans un logement bien isolé, la consommation d’énergie peut être plus élevée, car les habitants ont moins de contraintes financières liées au chauffage.

La méthode de calcul du DPE présente de nombreuses failles

Selon Louis-Gaëtan Giraudet, chercheur au Cired, cette différence s’explique aussi par le niveau de revenus. Les ménages aisés habitent plus souvent des logements bien classés, tandis que les foyers modestes occupent davantage de passoires thermiques, ce qui influence leur consommation réelle. « Ce sont plutôt des ménages à revenus élevés qui occupent les logements A et les ménages à bas revenus qui occupent les logements G. », a-t-il souligné sur France Info.

Outre ces différences comportementales, la méthode de calcul du DPE est jugée imparfaite. Les évaluations peuvent être influencées par des erreurs techniques, des malfaçons dans les travaux de rénovation ou encore des approximations faites lors des diagnostics. Malgré ces limites, le chercheur précise que le DPE reste un outil utile pour évaluer l’état énergétique d’un logement, bien qu’il ne reflète pas toujours l’usage réel de l’énergie par ses occupants.

Des restrictions qui s’intensifient pour les propriétaires

Les réglementations sur les passoires thermiques se durcissent. Depuis 2023, les logements classés G+, dont consommation est supérieure à 450 kWh/m²/an, sont déjà interdits à la location. Depuis 2025, cette interdiction s’applique à tous les logements classés G, et les biens classés F suivront à partir de 2028.

Ces évolutions poussent de nombreux propriétaires bailleurs à entreprendre des travaux de rénovation, parfois coûteux, pour éviter une dévalorisation de leur bien. Toutefois, les débats autour de la fiabilité du DPE interrogent sur la pertinence des mesures prises et la nécessité d’améliorer les méthodes d’évaluation.

L’interdiction des passoires thermiques à la location repose sur des critères parfois contestés, mais elle s’inscrit dans une politique visant à améliorer la performance énergétique des logements. Reste à savoir si ces restrictions seront adaptées pour tenir compte des réalités économiques et techniques du marché immobilier.

Laisser un commentaire

Partages