Un sondage CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD révèle que 81 % des Français soutiennent l’idée d’imposer des sanctions économiques à l’Algérie si cette dernière refuse de reprendre ses ressortissants expulsés. Cette prise de position s’inscrit dans un contexte diplomatique tendu, marqué par des différends persistants entre Paris et Alger sur la question des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF).
Les tensions entre la France et l’Algérie sur ce sujet ne sont pas nouvelles, mais elles ont été récemment ravivées par le refus des autorités algériennes d’accueillir un influenceur expulsé par la France. À cela s’ajoute la convocation de l’ambassadeur de France en Algérie, Alger, dénonçant des traitements jugés « dégradants » à l’encontre de ses ressortissants dans les aéroports parisiens.
Un soutien massif aux sanctions économiques contre l’Algérie
Selon l’enquête CSA, la volonté d’appliquer des mesures coercitives à l’encontre de l’Algérie est largement majoritaire dans toutes les catégories d’âge et socioprofessionnelles :
– 87 % des 50-65 ans soutiennent cette approche.
– 71 % des 35-49 ans y sont favorables.
– 79 % des 18-24 ans et 77 % des 25-34 ans partagent cette opinion.
D’un point de vue socioprofessionnel, les résultats montrent un consensus relativement uniforme :
– 82 % des inactifs soutiennent ces sanctions.
– 81 % des CSP+ et 80 % des CSP- sont également favorables à cette approche.
L’idée de sanctions économiques s’inspire d’une méthode déjà utilisée par les États-Unis. L’administration Trump avait contraint la Colombie à accepter le retour de ses ressortissants en augmentant les droits de douane. Ce précédent semble avoir influencé une partie de l’opinion publique française, qui réclame une réaction plus ferme face aux refus de coopération d’Alger.
Une question qui divise les partis politiques
Si une large majorité des Français se prononce en faveur des sanctions économiques, cette question divise nettement les formations politiques selon l’enquête CSA.
– 97 % des sympathisants Les Républicains (LR)*souhaitent cette mesure.
– 92 % des partisans du Rassemblement National (RN) soutiennent également l’approche coercitive.
– 84 % des électeurs du camp présidentiel approuvent l’idée d’une pression économique sur Alger.
À gauche, la position est plus partagée :
– 79 % des socialistes et 70 % des écologistes y sont favorables.
– Seuls 50 % des électeurs de La France Insoumise (LFI) soutiennent cette initiative.
Un contexte diplomatique sous haute tension
Les relations entre la France et l’Algérie sont marquées par des tensions récurrentes, notamment sur la question migratoire. Le récent refus de l’Algérie d’accueillir un de ses ressortissants expulsés de France a ravivé ces frictions, aboutissant à une convocation officielle de l’ambassadeur de France par Alger en raison de mauvais traitement qu’auraient subi les ressortissants algériens dans des aéroports français.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a récemment déclaré que la France devait « adopter des mesures fortes » face à cette situation. Toutefois, il n’a pas explicitement mentionné la possibilité de sanctions économiques, préférant évoquer des mesures de rétorsion diplomatiques.
La question des OQTF non exécutées reste un enjeu majeur du débat politique français, notamment à l’approche des prochaines échéances électorales. Le sondage révèle une volonté croissante des citoyens d’adopter une approche plus ferme face aux pays refusant de coopérer sur les expulsions.
En l’absence d’une solution diplomatique satisfaisante, la pression politique pourrait contraindre le gouvernement à durcir sa position, notamment en mettant en place des restrictions commerciales ou financières ciblées. Toutefois, il faut souligner qu’il s’agit d’un sondage qui peut ne pas refléter les positions des français sur ce sujet complexe. Il faut également noter que sur le plan commercial, des sanctions françaises peuvent avoir des répercussions sur le pays sur le plan énergétique. À défaut du gaz russe, l’Algérie joue un rôle important dans l’approvisionnement de la France.