Le niveau moyen des salaires, particulièrement dans le secteur privé, a été sensiblement affecté, ces deux dernières années, pour se rapprocher de plus en plus du Smic. En deux ans, le nombre de salariés au Smic a augmenté de 50%, soit de moitié.
Dans le détail, entre le 1ᵉʳ janvier 2021 et le 1ᵉʳ janvier 2023, le nombre de salariés payés au salaire minimum (Smic) a augmenté de près d’un million de personnes, selon les chiffres publiés par la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares), rapportés par Le Monde. « Plus d’une personne sur cinq (soit 17,3%) dans le secteur privé non agricole est aujourd’hui payée au SMIC, contre 12% seulement au début de l’année 2021 », compare la source. C’est dire la dégradation qui a impacté les salaires de personnes dans ce secteur.
L’augmentation du nombre de salariés au Smic est de plus de 5 points. Quelque 3,1 millions, sur près de 17,6 millions de salariés, touchent ainsi tout juste 1398,69 euros net par mois. Voilà une donnée économique perçue comme une « d’injustice » au vu du parcours inverse que prend la récompense des efforts consentis par les salariés. Cela peut, à une échelle plus large, engendrer des malaises dans les secteurs impactés, et partant, dans la société.
Les effets du rattrapage par le Smic
« Commencer au SMIC, c’est une chose, mais y être encore après cinq, dix ou quinze ans de carrière, c’est désespérant », reconnaît François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, cité par la source. Pour Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Astérès, « plus qu’un problème économique, le resserrement de l’échelle des salaires se traduit, pour les gens juste au-dessus du smic, par un sentiment de déclassement, l’impression d’être dévalorisé en termes de rémunération ».
Mais quelles sont les raisons qui font aboutir à une telle situation ? Pour les spécialistes, l’explication est à chercher dans l’indexation du Smic. En fait, le nombre des salariés au salaire minimum de croissance a bondi de plus de 5 points, en deux ans, à cause de son indexation automatique sur l’inflation. Ce qui n’est pas le cas pour les autres rémunérations. C’est ce dispositif qui a permis au Smic d’atteindre une augmentation de 13% depuis 2021, après plusieurs reprises, alors que chez les autres catégories d’employés, les salaires de base n’ont augmenté qu’au mieux de 9% environ. Ce qui a fait que le Smic a rattrapé le nombre de bas salaires, augmentant ainsi globalement la proportion des salariés payés au Smic.
Quelle solution pour réussir le rééquilibrage ?
Pour remédier à cette évolution inégale dans les carrières, les syndicats appellent, à défaut d’une augmentation des salaires généralisée, à une « ré-indexation de l’ensemble des rémunérations sur l’inflation ». Alors que les économistes, de leur côté, multiplient les propositions de telle sorte à parvenir à un rééquilibrage, le ministre de l'Économie déclarait, début janvier, que « Nous devons recréer une dynamique des salaires en France ».