Après trois ans de fermeture, le Musée de l’immigration rouvre ses portes ce mardi à Paris. Il propose de revisiter l’histoire de l’immigration sous un nouvel angle. L’histoire commune qui lie les immigrés et la société française, et surtout les différents apports de ces communautés issues d’ailleurs, mais qui représentent désormais un tiers de la population française.
Le Musée de l’immigration propose de raconter l’histoire de l’intégration des immigrés à toutes les sphères de la société. L’exposition relatera cette histoire dans un ordre chronologique, qui s’étale sur 11 grandes dates, qui vont de 1685 à ce jour. « L'immigration fait partie intégrante de l'Histoire de la France, d'une histoire commune. À chacune de ces dates, on va poser (...) la place qu'ont eue les étrangers et la manière dont ils ont fait l'Histoire de France ». C'est ce qu’explique Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dore, qui abrite le Musée national de l’histoire de l’immigration.
« Une démarche justifiée par le fait qu’aujourd'hui, un Français sur trois est immigré, enfant d'immigré ou petit-enfant d'immigré », poursuit la directrice. Selon Marianne Amar, l’une des commissaires scientifiques du musée, l’histoire que racontera ce lieu sera étalée dans toute sa complexité. On y rassemblera le récit des gens qui étaient déjà là (les Français) et celui de deux qui sont arrivés plus tard (les migrants). Il s'agit de « tisser ensemble ces deux histoires" qui n'avancent pas de façon parallèle, mais "ensemble" ».
Pourquoi l'immigration est une bonne chose
L'exposition met également en avant des événements tels que la participation des étrangers à l'effort de guerre en 1917, l'indépendance de l'Algérie en 1962, les conséquences des décolonisations et les mobilisations en 1973 pour les droits des travailleurs étrangers. Des cartes, des photos, des peintures et d'autres documents seront présentés pour illustrer ces épisodes de l'histoire de l'immigration.
Pour finir, la visite sort de la chronologie pour montrer comment l'immigration est perçue aujourd'hui par les artistes. Des photos des campements sous le boulevard périphérique parisien sont juxtaposées à celles des Ukrainiens accueillis chaleureusement. Des données démographiques récentes sont affichées aux murs, offrant un aperçu de la réalité actuelle de l'immigration.
L'apport de l'immigration à l'économie française
« Les études montrent que la contribution nette des immigrés aux finances publiques c'est soit +0.5, soit -0,5 du PIB. Cela varie mais le consensus parmi les économistes c'est qu’ils ont un impact très faible sur les finances publiques. Pourquoi ? Parce que les immigrés sont souvent jeunes, ils sont souvent dans une tranche d'âge entre 10 et 25 ans et de ce fait ils consomment assez peu de services publics, assez peu de santé, et donc ils contribuent par leur consommation et leur travail davantage en moyenne que ce qu’ils dépensent.
Alors leur bilan sur l'aspect purement “finances publiques” est faible. C'est vrai dans tous les pays de l’OCDE, y compris en France ». C'est qu'a affirmé Emmanuelle Auriol, économiste et professeure à la Toulouse School of Economics (TSE) et à l’Université Toulouse Capitole 1.
Des affirmations qui vont à contresens du discours ambiant. Rappelons que la France a accueilli plusieurs vagues d'immigrés qui ont surtout répondu à un besoin français de main-d'œuvre. À travers le temps, ces étrangers ont contribué à l'économie française, et la France a profité de cette main-d'œuvre à moindre coût, notamment dans certains secteurs difficiles, tels que les mines, les usines, ou la voirie.
Pendant les Trente Glorieuses, si l'industrie française était concurrentielle, c'est aussi grâce à cette catégorie de travailleurs qui ne rechignent pas à la tâche. Actuellement, la France veut attirer de nouveaux ouvriers dans certains secteurs, pour combler ce qu'on appelle les « métiers sous tension ». En vue de juguler cette pénurie de main-d'œuvre, le gouvernement envisage de régulariser des sans-papiers.