La France est confrontée à un problème de mobilité sociale important. Selon une étude de l'Institut des politiques publiques (IPP), la mobilité intergénérationnelle en France est l'une des plus faibles parmi les pays développés. Les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur en sont la cause principale, selon l'enquête.
Dans son étude, l'Institut des politiques publiques (IPP) révèle que l'Hexagone est l'un des pays développés qui a la plus faible mobilité intergénérationnelle. « Seuls 9,7 % des enfants issus des 20 % des ménages aux revenus les plus faibles se retrouvent parmi les 20 % des ménages les plus aisés à l'âge adulte », confirment les économistes de l'IPP. Cette proportion est quatre fois plus élevée pour les enfants nés dans des familles parmi les 20 % les plus favorisés. Près d'un enfant sur trois (31,8 %) des foyers les plus modestes demeure dans cette catégorie à l'âge adulte. Les opportunités d'ascension sont légèrement plus importantes pour les classes moyennes.
Néanmoins, la France devance les autres pays sur un autre point : les enfants issus d'une famille en haut de l'échelle des revenus sont plus nombreux à y rester. Par ailleurs, l'IPP révèle que la France fait uniquement mieux que les États-Unis en termes de mobilité sociale. L'Italie présente une situation similaire, mais avec une mobilité ascendante légèrement supérieure. En revanche, l'Espagne, les pays nordiques, tels que la Suède et le Danemark, ainsi que l'Australie, se démarquent en tant que modèles d'égalité des chances. Les conclusions de cette étude font écho à un rapport de l'OCDE de 2018 qui avait déjà souligné le déterminisme social en France.
L'impact des inégalités d'accès à l'enseignement supérieur
Selon les chercheurs de l'IPP, l'une des principales raisons de cet immobilisme social réside dans les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur. « Les enfants de familles défavorisées ont 2,5 fois moins de chances d'obtenir un diplôme supérieur que ceux des familles très favorisées », notent-ils.
L'étude de l'IPP révèle également une grande hétérogénéité géographique en France. Les enfants nés dans des régions riches, comme l'Île-de-France ou les zones proches de la Suisse, ont de meilleures opportunités d'ascension économique en raison d'un environnement plus favorable. En revanche, les régions les plus touchées par le chômage, comme les Hauts-de-France ou les départements méditerranéens, sont plus sujettes au déterminisme social.
Selon la même enquête, la mobilité géographique est l'un des facteurs qui peuvent améliorer la situation des personnes les plus défavorisées. Les enfants nés de familles à faibles revenus qui déménagent vers des régions plus aisées « atteignent en moyenne le même niveau de revenu que les enfants de familles aisées qui n'ont pas déménagé », indique l'étude.