Michelin fait un don de 4,3 millions d’euros à l’État : pourquoi ce geste fait parler

Ce geste inattendu de Michelin fait beaucoup parler.

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Michelin
Jerome Gilles/NurPhoto | Econostrum.info

En plein débat sur les aides publiques et la fiscalité des entreprises, Michelin a transféré plusieurs millions d’euros à l’État français. Un geste dont les motivations plongent dix ans en arrière.

Le ministère de l’Économie a officiellement accepté, par un arrêté publié au Journal officiel le 26 décembre, un don de 4,3 millions d’euros effectué par la Manufacture française des pneumatiques Michelin. Le virement bancaire avait été réalisé le 11 décembre 2025, quelques jours plus tôt. Comme le précise le texte officiel, « est accepté le don d’une somme d’argent d’un montant de quatre millions trois cent mille euros (4 300 000 euros), effectué par virement bancaire en date du 11 décembre 2025, consenti au ministère de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique par la Manufacture française des pneumatiques Michelin ».

Un remboursement lié au crédit d’impôt de 2015

Ce don correspond à un crédit d’impôt perçu par Michelin en 2015 au titre du CICE, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, un dispositif en vigueur entre 2013 et 2021. Selon les informations rapportées par BFM, cette somme avait été utilisée pour financer des machines industrielles destinées à l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, en Vendée.

À l’époque, les équipements avaient permis de moderniser le site, notamment via la rénovation d’ateliers et l’acquisition de plusieurs machines. Mais l’usine a fermé ses portes en décembre 2020. Les équipements financés grâce au CICE ont ensuite été transférés vers des sites du groupe en Espagne et en Europe de l’Est. Une situation qui, juridiquement, n’imposait aucun remboursement à l’entreprise.

Michelin insiste sur le caractère volontaire de la démarche. Le groupe explique avoir souhaité restituer cette somme « par souci de responsabilité », précisant que « le cadre légal du CICE ne prévoit aucun mécanisme de remboursement, y compris en cas de fermeture de site ou de réaffectation d’équipement ». Le remboursement est donc présenté comme une initiative éthique, sans obligation légale.

Un geste sous pression politique et économique

Si la démarche est volontaire, elle s’inscrit toutefois dans un contexte politique particulier. Une commission d’enquête sénatoriale sur les aides publiques aux entreprises, dont les conclusions ont été rendues publiques durant l’été, avait pointé le cas Michelin. Les sénateurs avaient requis un remboursement du CICE à taux zéro, estimant que certaines aides avaient bénéficié à des sites finalement fermés.

Le sénateur communiste Fabien Gay avait notamment rappelé que Michelin s’était engagé à restituer ces 4,3 millions d’euros « dans une perspective éthique ». À l’époque, rappelle le Dauphiné, le ministre de l’Économie Roland Lescure avait confirmé la volonté de l’État d’accepter ce versement, déclarant : « Ce n’est pas tous les jours qu’une entreprise souhaite faire un chèque à l’État. Donc je vous assure, ce chèque (…) il sera déposé ».

À Bercy, on indique que la procédure « a fait l’objet d’une expertise approfondie et a été validé(e) comme juridiquement et budgétairement conforme ». La restitution s’inscrit donc dans un cadre sécurisé, tant sur le plan légal que budgétaire.

Ce geste intervient aussi à un moment délicat pour Michelin. Le groupe a reconnu en 2025 une « détérioration supplémentaire de l’environnement économique », notamment marquée par un ralentissement de l’activité en Amérique du Nord. Il a été contraint de revoir ses objectifs à la baisse et, depuis le début de l’année, son action a chuté de plus de 13 %.

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