Face aux difficultés de recrutement dans certains secteurs, l’État a actualisé la liste des métiers en tension pour la première fois depuis 2021. Cette révision, très attendue par les professionnels, vise à faciliter la délivrance de titres de séjour aux travailleurs étrangers occupant ces postes.
Jusqu’à présent, la liste officielle des métiers en tension reposait sur des données obsolètes, remontant à 2008 pour certaines professions. Or, depuis la crise sanitaire, les besoins des employeurs ont évolué, avec des secteurs comme l’hôtellerie-restauration, le bâtiment ou l’aide à domicile confrontés à une pénurie chronique de main-d’œuvre.
Avec cette mise à jour publiée par Le Parisien, les professions concernées incluent désormais serveurs, cuisiniers, aides à domicile, employés de ménage et agriculteurs salariés. Ces métiers figurent désormais parmi les plus demandés dans de nombreuses régions. Dans le secteur du bâtiment, les maçons sont particulièrement recherchés, sauf en Île-de-France où la demande est moindre.
L’hôtellerie-restauration en première ligne des métiers en tension
Le secteur de l’hôtellerie-restauration, qui emploie entre 30 et 35 % d’étrangers en Île-de-France, est l’un des grands bénéficiaires de cette réforme. Depuis plusieurs années, les restaurants et hôtels peinent à recruter, notamment pour les postes nécessitant des horaires décalés, comme le travail en soirée et le week-end.
Selon Frank Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) Paris-Île-de-France, cette nouvelle liste est une avancée cruciale. Il rappelle que 8 000 restaurants ont fermé en France en 18 mois, certains faute de personnel. L’assouplissement des règles de régularisation devrait permettre d’atténuer cette pénurie.
Un accès simplifié à la régularisation pour les travailleurs sans papiers
Avec cette réforme, les salariés étrangers occupant un métier en tension pourront désormais bénéficier d’un titre de séjour d’un an, assorti d’une autorisation automatique de travail. Pour être éligibles, ils devront justifier de trois ans de résidence en France et prouver qu’ils ont travaillé dans l’un des métiers concernés pendant au moins 12 mois sur les 24 derniers mois, même de manière non continue.
Les preuves acceptées incluent feuilles de paie, relevés bancaires, copies de chèques ou attestations de collègues. Cette mesure vise à sécuriser la situation de milliers de travailleurs déjà intégrés dans l’économie française mais jusque-là sans statut légal.
Une solution temporaire ou une réponse durable ?
Si cette réforme est saluée par de nombreux employeurs, elle soulève aussi des questions. Michel Picon, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), estime que cette liste des métiers en tension correspond mieux à la réalité du marché du travail, mais souligne que d’autres ajustements pourraient encore être nécessaires.
D’autres voix s’interrogent sur l’impact à long terme : cette mesure permettra-t-elle réellement de combler les besoins en main-d’œuvre ou faudra-t-il aller plus loin dans la réforme de l’immigration de travail en France ? En attendant, les secteurs concernés espèrent que cette initiative leur offrira un nouveau souffle face aux tensions persistantes sur le marché de l’emploi.
