Faut-il envisager la relance de l’immigration pour motif économique en France ? Des économistes plaident pour cette option jugée trop négligée par le gouvernement, surtout en ces temps où de nombreux secteurs souffrent pour pourvoir tous les postes de travail, notamment dans les métiers « en tension ».
Les économistes, Madeleine Péron et Emmanuelle Auriol, dans une contribution au Monde, constatent que le pays se prive d’une immigration nécessaire à sa croissance et soulignent que « le débat se concentre sur des aspects identitaires et sécuritaires, omettant que les arrivées d’étrangers en France se situent sous la moyenne européenne ». Le débat est donc relancé ! « Les volets sécuritaire et identitaire y tiennent une place prépondérante, éclipsant certaines réalités économiques qu’il faudrait pourtant prendre en compte pour permettre un véritable débat démocratique. Car l’immigration pour motif économique est portion congrue en France, et notre pays se prive, pour de mauvaises raisons, d’un fort potentiel de croissance à long terme et, à court terme, de substantiels bénéfices économiques et sociaux », plaident-ils, à contre-courant du discours de la droite.
Pour donner plus de crédit à leur ligne, Madeleine Péron et Emmanuelle Auriol font remarquer que « Contrairement à une idée reçue, la France est un pays de faible immigration ! Le flux annuel d’immigrés entrants était de 316 174 personnes en 2022, selon le ministère de l’Intérieur, soit environ 0,45 % de la population française. En dehors des regroupements familiaux, les possibilités d’une immigration de travail sont réduites pour les ressortissants extracommunautaires ».
L’immigration pour motif économique est négligeable en France. En 2022, elle représentait seulement 16 % des nouveaux visas délivrés. N’est-il donc pas nécessaire de l’alléger, à défaut de l’inciter, particulièrement en ces moments où l’enquête « Besoins en main-d’œuvre 2023 » de Pôle emploi fait ressortir que 61 % des recrutements sont jugés difficiles, principalement par manque de candidats et de compétences adéquates ? Ayant des avantages indéniables à court terme, elle pourrait répondre à la demande du marché de l'emploi en termes de métiers « en tension ». Il est surtout question de médecins, d’infirmiers, de cuisiniers, d’ouvriers spécialisés, d’informaticiens et de banquiers.
Recentrer le débat de l’immigration autour de ses objectifs économiques
Dans cette confusion, les deux spécialistes affirment que la France « subit de plein fouet une pénurie de main-d’œuvre et se prive des bienfaits à long terme de l’immigration de travail. À l’instar de ce qu’ont fait des pays comme le Canada, l’Australie ou l’Allemagne, il est grand temps de changer nos législations. Le Conseil d’analyse économique avait déjà, en novembre 2021, formulé plusieurs recommandations visant à mettre en place une politique migratoire ambitieuse au service de la croissance ».
Par ailleurs, ils appellent à relancer ce débat « monopolisé par des partis politiques qui ont fait de la lutte contre l’immigration leur fonds de commerce. En faisant des amalgames entre immigration, perte d’identité, délinquance et terrorisme, ils laissent à penser que l’immigration est un fardeau ».
Pour les deux économistes, il est important de recentrer ce débat sur des objectifs économiques utiles que sont la croissance et la relance économique. D’autant plus que les Français ne s’opposent pas à l’immigration de travail.
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