Le nombre de médecins étrangers autorisés à exercer en France a fortement augmenté en 2024, mais le système de santé reste sous tension. Le gouvernement veut réformer le processus d’admission pour mieux intégrer ces professionnels. Quel impact cette mesure pourrait-elle avoir sur l’offre de soins ?
Sur les 4 000 postes ouverts en 2024, 3 800 praticiens diplômés hors de l’Union européenne (UE) ont été admis après avoir réussi les épreuves de vérification des connaissances (EVC). Cette augmentation, qui représente une hausse de 50 % par rapport à 2023, vise à répondre à la pénurie croissante de médecins en France.
Depuis plusieurs années, les établissements hospitaliers comptent sur ces praticiens pour combler le manque de personnel, notamment dans les spécialités sous tension. Certains d’entre eux exercent en France depuis longtemps sans reconnaissance officielle de leur statut. Ils effectuent des gardes, participent à la formation des internes et jouent un rôle central dans la continuité des soins.
Une réforme du concours pour faciliter leur intégration
Face aux difficultés rencontrées par ces professionnels, le gouvernement souhaite réformer le concours des EVC pour simplifier leur accès aux établissements de santé. Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a affirmé vouloir rendre le processus plus souple et mieux adapté aux besoins médicaux.
Une voie d’accès simplifiée pourrait être créée pour les praticiens exerçant déjà en France, permettant de faciliter leur régularisation et leur intégration dans le système de santé. Des discussions avec les syndicats et les institutions médicales sont prévues afin de mettre en place ces ajustements dès 2025.
Un levier pour lutter contre la désertification médicale ?
L’arrivée de ces médecins pourrait contribuer à réduire les inégalités d’accès aux soins, notamment dans les zones rurales et sous-dotées. Le gouvernement, en lien avec les Agences régionales de santé (ARS), travaille sur une répartition plus équitable des praticiens sur le territoire.
Cependant, bien que cette mesure apporte une solution partielle, elle ne règle pas la question de l’attractivité des territoires ruraux. Nombreux sont les professionnels qui préfèrent s’installer dans les grandes villes ou à proximité des hôpitaux universitaires, où les conditions de travail sont plus avantageuses.
Malgré la hause du nombre de médecins étranger, le secteur reste sous tension
Selon l’Atlas de la démographie médicale 2024, la France comptait 199 089 médecins en activité régulière, soit une hausse de 0,8 % par rapport à l’année précédente. Cette progression reste cependant insuffisante pour répondre à la demande croissante en soins.
La suppression du numerus clausus en 2021, qui a limité pendant des décennies le nombre d’étudiants en médecine, ne produira ses effets qu’à partir de la prochaine décennie. Le nombre d’étudiants en deuxième année de médecine, actuellement fixé à 11 000, devrait atteindre 12 000 en 2025, mais il faudra encore attendre plusieurs années avant que ces nouveaux médecins entrent sur le marché du travail.
En attendant, le recours aux médecins étrangers reste une solution indispensable, même si elle ne suffit pas à combler le déficit de praticiens dans certains territoires. L’évolution des politiques de santé publique et l’amélioration des conditions d’exercice seront des facteurs clés pour garantir un accès aux soins équitable sur tout le territoire.