Avec le recul de la croissance, le gouvernement vise des économies à hauteur de 10 milliards d'euros avant la fin de l'année. Parmi les nombreuses mesures annoncées par le gouvernement, celle qui concerne le compte personnel de formation (CPF) fait couler beaucoup d'encre.
En effet, Bercy a annoncé, lundi 19 février, la mise en place d'un reste à charge pour tous les salariés qui utilisent un CPF. Lors de sa prise de parole, Thomas Cazenave, le ministre délégué chargé des Comptes publics, a ainsi annoncé que ce système de « participation forfaitaire » des salariés sur leur compte personnel de formation devrait être « mis en œuvre dès cette année ». Une mesure « qui nous permettra de générer 200 millions d'euros d'économies sur un total de deux milliards », explique Thomas Cazenave.
Pour ce qui est du niveau de ce reste à charge obligatoire, il « a vocation à se situer au minimum à 10% du coût de la formation », a indiqué Bercy. De son côté, le ministère du Travail a expliqué que « les modalités doivent encore être discutées avec les partenaires sociaux » et qu’elles ne « sont donc pas encore complètement arbitrées » pour l'heure.
« Le ministre de l'Économie veut tordre le cou à la promesse d'origine du CPF »
Aussitôt annoncée, aussitôt contestée. En effet, les syndicats ont exprimé leur désaccord avec la mise en place d'une participation forfaitaire obligatoire pour les salariés utilisant leur CPF. « Pour l'instant, il n'y pas de décision prise sur le reste à charge. Il y a une intention du ministère de l'Économie, ce n'est pas la première fois », a expliqué Yvan Ricordeau, chargé de la formation professionnelle à la CFDT, à l'Agence France-Presse.
Pour ce dernier, « le législateur a fait en sorte de laisser les salariés libres d'utiliser leur CPF pour tout ce qui leur semblait bon », et « là, le ministre de l'Économie veut tordre le cou à la promesse d'origine du CPF », a-t-il jugé.
Les Acteurs de la Compétence, première fédération des entreprises de formation, évoquent, quant à eux, « la brutalité du calendrier, la verticalité de la méthode et les incohérences du gouvernement », rapporte BFM. De son côté, la CGT estime que « faire contribuer les salariés à leur formation et les faire payer une formation est tout simplement scandaleux », s'est révoltée Sandrine Mourey, une des responsables de la CGT, et rapporté par BFM.
« Ce qui risque de se passer, c'est une injustice incroyable, c'est que les plus fragiles, ceux qui ont des difficultés, ne pourront pas aller à la formation », a-t-elle ajouté.