La publication de la Stratégie nationale pour l’alimentation a été suspendue à la dernière minute. Le cabinet du Premier ministre a bloqué l’objectif de réduction de la consommation de viande, préférant une formulation plus vague. Ce revirement a déclenché une forte polémique, notamment auprès des ONG et défenseurs de l’environnement.
Les ONG et les défenseurs des objectifs climatiques et sanitaires ont rapidement exprimé leur déception, accusant le gouvernement de céder sous la pression des lobbies agro-industriels. Ce changement de formulation n’est pas qu’une simple question de vocabulaire, car il affaiblit l’engagement politique de la France en matière de transition alimentaire. De plus, l’absence d’un objectif clair de réduction de la consommation de viande réduit considérablement l’impact de la stratégie, malgré les enjeux environnementaux majeurs. En effet, l’alimentation représente près d’un quart de l’empreinte carbone des ménages français, et les produits d’origine animale sont responsables de 61 % des émissions liées à l’alimentation.
L’impact de cette décision sur les objectifs climatiques et sanitaires
Les défenseurs de l’environnement estiment que ce revirement met en péril les objectifs climatiques de la France, particulièrement en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Réseau Action Climat (RAC) a d’ailleurs dénoncé cette décision, la qualifiant de réduction drastique de l’ambition du texte, rapporte La Tribune. En parallèle, des organisations telles que Foodwatch déplorent également l’absence de mesures concrètes pour limiter la publicité des produits alimentaires malsains ciblant les enfants, un autre point qui avait été envisagé dans la stratégie.
Le ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, avait évoqué la nécessité de « limiter les surconsommations de viande », soulignant les dangers pour la santé publique. Cependant, cette position se retrouve compromise par l’arbitrage de Matignon, qui a privilégié un compromis jugé plus « acceptable » par certains secteurs de l’agro-industrie, notamment ceux de la viande.
Conséquences pour les citoyens et l’industrie
Pour les citoyens, ce flou autour de la « consommation équilibrée » pourrait se traduire par un manque de signal clair pour les inciter à adopter une alimentation plus durable. En l’absence d’un objectif de réduction de la consommation de viande, il devient difficile d’engager un véritable changement de comportement. Du côté des entreprises, ce retard dans la mise en œuvre de la stratégie pourrait avoir des répercussions notables.
L’industrie agroalimentaire se trouve dans une incertitude qui pourrait ralentir les investissements nécessaires pour transitionner vers des alternatives végétales et des pratiques plus durables. Tandis que certaines entreprises, qui avaient anticipé les changements, risquent de voir leurs efforts moins valorisés, d’autres, particulièrement dans la filière viande, pourraient y voir un répit, la politique gouvernementale semblant plus conciliante à court terme.
La question qui se pose désormais est de savoir si le gouvernement saura trouver un équilibre entre la pression des lobbies agricoles et les attentes de la société civile en matière de durabilité. Les objectifs sanitaires et climatiques de la France seront-ils réellement servis, ou cette décision marquera-t-elle un recul majeur dans la lutte contre les enjeux environnementaux liés à l’alimentation ? La Stratégie nationale pour l’alimentation et le climat doit encore trouver sa voie.








