Le marché mondial du blé ne répond pas seulement à des considérations économiques. Il est au centre d’enjeux géopolitiques qui font que le blé français perd du terrain. Ces dernières années, la France perd, en effet, certains clients habituels, notamment en Afrique du Nord. L’Algérie et le Maroc se sont tournés vers le blé russe, révélant les tensions politiques entre Paris et ces deux pays.
Cette année, le blé français est une fois de plus confronté à une concurrence acharnée, particulièrement de la part du blé russe. Selon son dernier bilan mensuel, FranceAgriMer a réduit les prévisions d’exportation de blé tendre vers les pays tiers de 100 kt, les amenant à 9,5 Mt (contre 10,2 Mt l’année précédente), et a abaissé les exportations intracommunautaires de 250 kt, à 7,5 Mt (comparativement à 6,4 Mt durant la campagne 22/23). Effectivement, les programmes de chargement de blé aux ports français demeurent notablement limités, en grande partie à cause d’une présence compétitive russe toujours très marquée.
Ainsi, la Russie, qui chapeaute 25 % des échanges mondiaux avec 49 millions de tonnes en 2023, se « venge » de la France, le leader des producteurs européens. Vladimir Poutine profite de ce qui se passe en Afrique, où la présence française serait désormais jugée indésirable, pour proposer de livrer gratuitement du blé à « tous les pays africains qui ont faim ».
La filière céréalière française a donc du mal à trouver des clients pour écouler sa production. Selon Reuters, le blé d’Euronext, dont le français, a stagné sur les marchés, étant donné que les négociants attendent le résultat d’un appel d’offres à l’importation algérien comme mesure supplémentaire de la concurrence à l’exportation.
Une aubaine pour le marché du blé français
Les prix ont donc baissé et le blé BL2Z3 de décembre sur Euronext, basé à Paris, a perdu 0,4 %. Il est vendu à 237,50 euros (253,67 dollars) la tonne. Cependant, la croissance de la demande chinoise pour le blé français l’a boosté pour atteindre son plus haut niveau depuis 3 semaines.
Toutefois, l’appel d’offres lancé par l’Algérie pourra être une aubaine pour la filière céréalière française. Selon toujours, l’agence Reuters, les négociants ont cité des discussions initiales selon lesquelles l’acheteur public OAIC aurait offert environ 270 dollars la tonne, coût et fret compris (C&F). Cette proposition s’oppose à une offre initiale minimale d’environ 275 dollars, la majorité des offres étant plus élevée, se situant entre 280 et 285 dollars. Face à cet appel d’offres, les concurrents russes ont adopté une approche moins agressive, ce qui suscite de l’espoir pour les Français.
Il faut souligner que l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a entamé le processus d’acquisition de la mouture de blé à la suite d’une enchère internationale. Les premières estimations avancent une demande d’environ 120 000 tonnes. Toutefois, les négociations sont toujours en cours. Les pays qui vont exporter leur blé vers l’Algérie ne sont pas encore connus.
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