MaPrimeRénov’, un dispositif d’aide à la rénovation énergétique, reçoit des critiques en raison de ses multiples dysfonctionnements observés ces derniers temps. Une manifestation a été organisée ce lundi 12 mai à Paris devant le siège de l’Agence nationale de l’habitat pour dénoncer cette situation.
Les artisans, les mandataires ainsi que les bénéficiaires du dispositif sont tous lésés par cette crise de fonctionnement. Parmi les principales contraintes décriées par les manifestants : les délais de paiement, qui deviennent de plus en plus longs, atteignant actuellement 300 jours, soit 10 mois.
D’après les données de l’entreprise Heliofrance, fabricant de solutions solaires thermiques et mandataire de l’Anah pour le dispositif MaPrimeRénov’, ce délai était de 5 semaines seulement un an après la création du dispositif en 2021, avant de passer l’année suivante à 70 jours. Il a ensuite atteint 100 jours en 2023, puis 200 jours en 2024, avant d’atteindre 300 jours en 2025.
« Vous avez un délai d’engagement, qui correspond à l’instruction du dossier pour déterminer s’il est éligible ou non. Nous avons effectivement observé qu’il a augmenté de 70 à 100 jours en moyenne. En revanche, les délais de paiement eux ne bougent pas », explique le cabinet de la ministre chargée du logement, Valérie Létard, au Parisien.
Une situation qui met en péril l’activité des entreprises de rénovation
En raison de ces délais de paiement trop longs, ainsi que des chantiers refusés sans explication claire, de nombreuses entreprises de rénovation rencontrent des difficultés financières. Parmi elles, Home Expert Habitat, qui a assisté à une baisse de 25 % de son chiffre d’affaires entre 2023 et 2024, soit à la période où les délais de paiement ont excessivement augmenté.
Le fondateur de l’entreprise, Thierry Flak, qui mène les manifestations, affirme, d’autre part, avoir été contraint de réduire ses effectifs pour faire face à cette crise. « J’ai dû licencier 14 salariés. C’était terrible. Nous ne sommes désormais plus que 9, alors que les besoins en rénovation énergétique des bâtiments n’ont jamais été aussi importants », a-t-il déclaré. À noter que le contrôle intensifié contre la fraude contribue aussi au ralentissement des démarches.
Des dizaines de dossiers de contentieux depuis deux ans pour le dispositif MaPrimeRénov’
L’avocate Joyce Pitcher affirme auprès du Parisien avoir déposé pas moins de 2 521 dossiers de contentieux depuis deux ans pour le dispositif MaPrimeRénov’. Selon elle, la majorité des plaintes portent sur des motifs similaires : les délais à rallonge, les refus de chantiers non justifiés ainsi que les retards de règlement.
Elle estime que ces dysfonctionnements sont en partie dus à l’explosion des chiffres de rénovation, notamment de travaux d’ampleur, combinée à la réduction du budget alloué au dispositif, qui est passé de 4,5 à 2,3 milliards d’euros en 2024. Une enveloppe jugée très insuffisante, d’autant plus que, selon les comptes publics de l’Anah, 1,6 milliard d’euros de primes sont encore en attente de versement.








