La loi régissant la shrinkflation devant entrer en vigueur en juillet prochain est déjà sujette à des critiques. Des spécialistes laissent entendre que le texte présente des failles que les industriels contournent déjà. Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires, le juge carrément « à côté de la plaque ».
Le texte censé réglementer la shrinkflation entrera, en principe, en vigueur au 1ᵉʳ juillet prochain. Par un arrêté publié au Journal officiel du 4 mai, le gouvernement a décidé de rendre obligatoire, à cette date, l’information des consommateurs de la hausse des prix des produits ayant subi une réduction de quantité. Cette information devra être apportée par les distributeurs de produits de grande consommation dans les grandes et moyennes surfaces, à proximité immédiate des produits concernés.
Cependant, un des acteurs concernés par cette nouveauté remet presque tout en cause à un peu plus d’un mois de l’échéance. Le patron du groupement Les Mousquetaires est loin d’être convaincu de l’efficacité de cette Loi. Invité vendredi 24 mai sur RMC, il évoque « une faille » qui peut permettre un large contournement du dispositif par les industriels.
« Il y a un vrai sujet sur ce texte de loi qui est applicable dans quelques semaines », avertit Thierry Cotillard. « C’est à nous, les distributeurs, de le faire savoir. Mais ce n’est pas nous qui modifions les recettes. C’est comme si je vous disais d’organiser les JO, mais je ne vous donne ni la date, ni le lieu. Donc bon courage… », ironise-t-il. « Surtout, j’ai 600 produits d’ici la fin de l’année qui font l’objet de shrinkflation, mais les industriels sont en train de contourner la loi », a-t-il déclaré à Apoline Matin.
Les réserves de Thierry Cotillard sur la loi anti shrinkflation
Plus pointu dans le détail, Thierry Cotillard s’explique. « Il y avait un petit alinéa qui disait que si la recette changeait, ça passait à travers la loi. Un petit gramme de sel en moins et je passe à travers. Donc, en fait, il n’y a que trois produits sur 600 sur lesquels on va pouvoir afficher qu’il y a de la shrinkflation. Je pense qu’on se moque soit des consommateurs, soit des distributeurs. Le texte législatif est à côté de la plaque », assène le patron de la chaine des enseignes Intermarché.
Pour rappel, les magasins concernés par le dispositif sont ceux dont la surface de vente est supérieure à 400 m² (enseignes du secteur de la distribution des produits de grande consommation), indique le texte d’application.
Les sanctions encourues, en cas de manquement, seront une amende de 3 000 euros maximum pour une personne physique, et de 5 000 euros maximum pour une personne morale.
Il est prévu, par ailleurs, que « les agents de la Direction générale de concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes pourront prononcer des injonctions, et ces décisions pourront faire l'objet d'une mesure de publicité aux frais du professionnel », indique l’administration.