Les plateformes de livraison comme Uber Eats et Deliveroo incitent leurs livreurs à enchaîner les courses à un rythme effréné, mais à quel prix pour leur santé ? Un récent rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) alerte sur les effets néfastes de ce modèle de travail. Entre pressions numériques et conditions de travail difficiles, la santé des livreurs est mise à mal, avec des risques aussi bien physiques que psychologiques.
Les livreurs de repas à domicile sont soumis à des conditions de travail particulièrement stressantes. Selon l’Anses, les plateformes numériques, comme Uber Eats ou Deliveroo, utilisent des algorithmes automatisés pour gérer les tâches des livreurs, leur attribuer des courses et surveiller leur performance. Cette gestion totalement numérique ne laisse aucune place à la négociation ou à l’aide humaine en cas de difficulté. La pression qui en résulte est constante, incitant les livreurs à enchaîner les livraisons sans répit, ce qui a des répercussions directes sur leur santé.
Des risques physiques et psychologiques pour les livreurs
Les conséquences physiques sont nombreuses : accidents de la route, chutes, mais aussi des troubles musculo-squelettiques liés à la posture répétitive et aux horaires irréguliers. De plus, l’activité exercée de manière prolongée en horaires atypiques, sous des conditions de pollution et de bruit dans les grandes villes, contribue à l’apparition de problèmes respiratoires, cardiovasculaires et de maladies métaboliques. Psychologiquement, les livreurs souffrent de stress, de fatigue, de troubles du sommeil et d’isolement, renforcés par le manque de soutien et la pression constante des notifications.
Au-delà des risques de santé, les livreurs sont également confrontés à des difficultés socio-économiques. Pour maintenir un revenu décent, ils doivent accepter un grand nombre de courses et travailler de manière continuellement intense, souvent 7 jours sur 7. Ce rythme effréné laisse peu de place à la vie sociale ou à un réel temps de repos. Le témoignage de d’un livreur à Paris, illustre parfaitement cette situation : « C’est super dangereux, mais l’application nous pousse à prendre des risques ».
L’absence de protection sociale et les solutions à envisager
En tant qu’indépendants, ces travailleurs ne bénéficient ni d’une protection sociale suffisante ni d’une politique de prévention des risques adéquate. L’Anses appelle ainsi les pouvoirs publics à agir pour mieux encadrer ces professions. Le rapport préconise de requalifier ces travailleurs en salariés, afin qu’ils bénéficient des protections prévues dans le Code du travail. De plus, l’Anses demande une limitation et un contrôle du temps de travail pour éviter les abus et réduire les risques.
L’Anses a également insisté sur la responsabilité des plateformes dans la protection de la santé de leurs travailleurs. Si rien ne change, le secteur pourrait continuer à fonctionner dans une sorte de zone grise où les travailleurs sont livrés à eux-mêmes. Les syndicats, comme la CGT, appellent d’ailleurs à une législation urgente pour garantir des conditions de travail décentes et une protection sociale réelle pour les livreurs.
Le rapport de l’Anses révèle une réalité alarmante pour les livreurs de repas à domicile, dont les conditions de travail détériorent gravement leur santé. L’absence de régulation adéquate, combinée à l’impunité des plateformes, accentue cette précarité. Face à cette situation, une réforme est plus que jamais nécessaire pour garantir des conditions de travail respectueuses de la santé des travailleurs.