Le Livret A, produit d’épargne préféré des Français, pourrait bientôt subir des changements majeurs. Avec l’objectif de mieux encadrer ce produit qui rapporte moins qu’avant, la Cour des comptes propose une réforme qui pourrait bouleverser les habitudes d’épargne de millions de Français.
Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), organisme rattaché à la Cour des comptes, a récemment suggéré une réforme significative du Livret A. Actuellement, ce livret réglementé permet aux Français de placer leur argent en toute sécurité, avec des intérêts exonérés d’impôt. Mais selon le rapport du CPO, cette épargne est de plus en plus utilisée comme un produit de placement, notamment par les ménages les plus aisés, qui cumulent plusieurs livrets au sein d’un même foyer.
Pour y remédier, le CPO recommande de réduire le plafond du Livret A, actuellement fixé à 22 950 €, à 19 125 €, et de soumettre à l’impôt les dépôts excédentaires. Aujourd’hui, les intérêts générés par ces dépôts dépassant le plafond sont toujours exonérés d’impôts, mais cette mesure pourrait changer. Selon les prévisions, les dépôts au-delà du plafond seraient alors soumis à une imposition classique (flat tax ou impôt sur le revenu).
Les raisons derrière cette réforme
Cette proposition vise à rétablir l’équilibre entre l’objectif initial du Livret A — une épargne de précaution — et son usage actuel, qui tend à s’éloigner de cette logique. Le Livret A devient un produit de placement privilégié pour les ménages ayant des moyens plus conséquents. En effet, un couple avec trois enfants peut cumuler jusqu’à 143 550 € sur plusieurs livrets, ce qui n’est pas l’objectif pour un produit censé permettre à chacun de se constituer un petit matelas de sécurité.
En parallèle, cette réforme s’inscrit dans un objectif budgétaire plus large : l’exonération fiscale des livrets réglementés représente un manque à gagner de 5,6 milliards d’euros pour les finances publiques, indique Selectra. En taxant les dépôts excédentaires, l’État pourrait récupérer une partie de cette somme.
Quel impact pour les détenteurs d’un Livret A ?
Si cette réforme venait à être mise en place, les conséquences seraient directes pour les épargnants. Ceux qui possèdent un Livret A « plein » verraient leurs intérêts générés au-delà du plafond taxés. De plus, ceux qui utilisent plusieurs livrets pour maximiser leur épargne se retrouveraient dans une situation moins avantageuse.
Par ailleurs, l’attractivité du Livret A pourrait en pâtir, d’autant que la décollecte est déjà en cours. Le taux d’intérêt du Livret A est passé de 3 % début 2025 à 1,7 % depuis août. En octobre, une décollecte de 5 milliards d’euros a été enregistrée, un signe de rupture pour ce produit d’épargne traditionnel. De nombreux Français, en quête de meilleurs rendements, se tournent déjà vers d’autres placements, comme l’assurance-vie ou les fonds euros, jugés plus intéressants.
Cette réforme pourrait marquer un tournant dans l’histoire du Livret A. Si elle est adoptée, elle risquerait de redéfinir son rôle et de remettre en cause son statut de produit d’épargne préféré des Français. Pour les épargnants, il sera essentiel d’adapter leurs stratégies d’épargne en fonction de ces nouvelles règles fiscales. En attendant, le Livret A pourrait bien perdre de sa popularité au profit d’autres solutions plus rentables.








