Le dernier rapport d’Oxfam, publié à l’ouverture du Forum de Davos, met en lumière l’enrichissement accéléré des milliardaires en 2024. Alors que leurs fortunes atteignent des sommets, les inégalités sociales se creusent, posant un défi majeur pour les gouvernements et la fiscalité mondiale.
En 2024, la richesse des milliardaires a atteint des niveaux record. Selon le rapport d’Oxfam intitulé L’art de prendre sans entreprendre, leur patrimoine cumulé est passé de 13 000 milliards à 15 000 milliards de dollars en un an, soit une augmentation de 6 milliards par jour. Cette progression fulgurante a permis à chaque milliardaire d’accroître sa fortune de 2 millions de dollars quotidiennement.
Le rapport souligne également l’apparition de quatre nouveaux milliardaires par semaine. Ces chiffres sont d’autant plus frappants que la majorité de ces richesses proviennent d’héritages ou d’investissements financiers, plutôt que d’innovations ou de créations d’entreprise. L’ONG alerte sur le rôle des gouvernements dans l’accroissement de ces inégalités, notamment en raison d’un manque de régulation et de taxation des patrimoines.
La domination économique et politique des milliardaires
Alors que les milliardaires voient leur fortune s’envoler, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté reste stagnant depuis les années 1990, avec 3,6 milliards d’humains dans des conditions précaires selon la Banque mondiale. Cette fracture sociale exacerbe les tensions et constitue une menace pour la démocratie, estime Oxfam.
L’influence croissante des ultra-riches est également mise en lumière. En acquérant des médias ou des plateformes de réseaux sociaux, ces fortunes colossales leur permettent de peser sur les débats publics et politiques, à l’instar de Vincent Bolloré en France ou d’Elon Musk et Jeff Bezos aux États-Unis.
La fiscalité au cœur des solutions
Pour réduire ces inégalités, Oxfam appelle à une réforme fiscale mondiale. Si des discussions ont été engagées au G20 sous l’impulsion du Brésil, les avancées restent timides. La déclaration finale de 2024 évoque une collaboration internationale pour taxer les plus riches, mais sans engagements concrets.
Dans les pays développés, de nombreux États, comme l’Autriche, le Canada ou la Norvège, ne taxent pas les successions, facilitant ainsi la transmission de gigantesques fortunes. En Amérique latine, où les patrimoines hérités sont particulièrement élevés, l’absence de taxation renforce encore les disparités.
Une mobilisation nécessaire
Face à l’accroissement des inégalités, Oxfam exhorte les gouvernements à agir rapidement. Une taxation efficace des plus riches pourrait financer des programmes de lutte contre la pauvreté, améliorer les infrastructures publiques et réduire les tensions sociales.
Le sommet de Davos, où se rencontrent dirigeants politiques et économiques, pourrait être une plateforme clé pour impulser des mesures concrètes. Cependant, sans une mobilisation internationale forte, le risque est grand que les inégalités continuent de se creuser, avec des conséquences sociales et politiques majeures.
