Les crédits bancaires accordés aux entreprises sont en chute libre et atteignent leur niveau le plus bas depuis 2003, selon la BCE. En cause, des taux d'intérêt successivement revus à la hausse et qui renchérissent le coût de l'emprunt.
Un coût du crédit plus élevé signifie une baisse de la demande des entreprises en crédits et a pour conséquence directe une baisse de l'investissement. Ce phénomène peut être observé sur l'ensemble de la zone euro.
Les demandes de crédits au plus bas depuis 20 ans dans la zone euro
L'ensemble des banques présentes dans la zone euro font état d'une forte baisse de la demande de prêts aux entreprises au deuxième trimestre 2023. Les taux d'intérêt, qui se maintiennent à des niveaux élevés, ont en effet fait plonger la demande d'emprunts des entreprises à son plus bas niveau depuis 20 ans, comme l'affirme la Banque centrale européenne (BCE).
Elle explique en effet que la baisse du nombre de crédits accordés aux entreprises a été « nettement plus forte que prévu par les banques au trimestre précédent. » L'institution précise par ailleurs que les établissements bancaires ont encore durci les conditions d'octroi de crédits, ce qui justifie cette baisse historique.
Les taux d'intérêt en hausse, conjugués à la baisse des besoins de financement des investissements fixes, « ont été les principaux moteurs de la baisse de la demande de prêts », explique la BCE dans son rapport trimestriel. Ce dernier souligne. « La différence entre le pourcentage de banques ayant répondu que la demande de prêts a augmenté et celles ayant répondu qu'elle a diminué a atteint la valeur record de 42 %, après 38 % au premier trimestre », précise ce rapport.
Une tendance qui devrait se poursuivre au troisième trimestre
Les banques s'attendent déjà à une poursuite de la baisse de la demande de crédits de la part des entreprises au troisième trimestre, mais prévoient qu'elle sera « beaucoup plus faible qu'au deuxième trimestre ». Les taux d'intérêt, quant à eux, devraient poursuivre leurs cours à la hausse.
Le rapport de la BCE fait également état d'une forte baisse de la demande de crédits immobiliers, même si cette dernière est moins prononcée que lors des trimestres précédents. Il en va de même concernant les crédits à la consommation, dont le nombre d'octrois devrait aussi baisser au cours du troisième trimestre.
Les établissements bancaires sont, eux aussi, plus frileux lorsqu'il s'agit d'accorder des prêts aux entreprises. La guerre en Ukraine a en effet fait monter l'incertitude au sujet de la conjoncture économique mondiale à venir et a poussé la BCE à resserrer sa politique monétaire, dans le but de juguler l'inflation.
Les taux d'intérêt ont, pour leur part, connu une hausse cumulée de quatre points en une année et ont considérablement renchéri le coût de l'emprunt. Si le but de cette politique monétaire stricte de la BCE était de mettre fin à la hausse des prix à la consommation, elle a également eu pour effet pervers d'affecter la demande en crédits de la part des entreprises et des particuliers, et donc de plomber l'investissement et la demande.