L’adoption de la nouvelle loi immigration, mardi 19 décembre, avec une condition controversée portant sur une caution d’engagement de retour au pays d’origine, désormais imposée aux étudiants étrangers, a suscité une vive réaction au sein de l’opinion, mais aussi chez les universitaires qui y voient là une mesure discriminatoire.
L’adoption de la loi sur l’immigration du 19 décembre fait toujours jaser. En cause : cette mesure portant caution de retour au pays pour les étudiants étrangers. En clair, pour étudier sur le sol français quand vous êtes étranger, il faudra désormais payer une caution, dont le montant reste à arrêter. Une somme qui ne sera remboursée à l’étudiant qu’à son départ. L’Union nationale des Étudiants de France (UNEF) y voit ni plus ni moins qu’un « recul des droits fondamentaux ». Dean Lewis, président de l’université de Bordeaux et vice-président de France Universités, évoque « une mesure discriminatoire ». La ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a carrément évoqué sa démission, et le président Macron l’a refusée.
Face à cette vague d’indignation (près de 150 organisations et syndicats selon Médiapart), d’autres, à l’image du Rassemblement national, se « félicitent » du durcissement des mesures de l’immigration. En guise d’explications, Jean-Philippe Tanguy, député RN, avance notamment les coûts consentis par la France dans la formation de ces étudiants. Nonobstant le reste, il ne voit pas en l’accueil des étrangers « une source de revenus », mais bien une « charge » pour la France.
Les étudiants internationaux génèrent 1,35 milliard d’euros annuels
Pourtant, une étude de Campus France, publiée en novembre 2022, atteste tout le contraire. En effet, une enquête sur l’impact économique des étudiants internationaux fait ressortir qu’ « en soustrayant l’ensemble des dépenses aux recettes, un apport net de 1,35 milliard d’euros est mis en évidence : c’est l’impact économique direct des étudiants internationaux en France ».
L’étude, qui a pris en compte un échantillon de 9 992 étudiants représentatif des 302 863 étudiants internationaux en France à cette période-là, détaille, dans un premier temps, l’apport économique direct des étudiants internationaux calculé sur l’addition des dépenses mensuelles moyennes du quotidien des étudiants une année (2,8 milliards d’euros), les droits d’inscription acquittés (873,2 millions d’euros), les frais de formation en langue française (73,1 millions d’euros), les frais administratifs pour venir et séjourner en France (34,8 millions d’euros), les dépenses des proches venus rendre visite (392,5 millions d’euros), les dépenses de transport (461,2 millions d’euros) et les cotisations sociales liées aux emplois exercés (375,4 millions d’euros). Ce qui donne un total d’apport de quelque 5 milliards d’euros à l’économie française.
À l’inverse, les dépenses publiques de la France orientées vers les étudiants internationaux sur une année sont calculées dans le détail en additionnant la part de la dépense intérieure d’enseignement (3,1 milliards d’euros), le montant des bourses du gouvernement (53 millions d’euros), les aides au logement (206,6 millions d’euros), les dépenses de sécurité sociale (247,2 millions d’euros) et le coût de fonctionnement de Campus France et des services diplomatiques (86,9 millions d’euros). Soit un total de dépenses consenties par la France au profit de ces étudiants d’un montant global de 3,7 milliards d’euros.
Une simple comparaison entre les deux montants des recettes et des dépenses donne un gain à la France de 1,35 milliard d’euros. « Au-delà de l’impact économique direct, l’accueil des étudiants internationaux a un réel impact sur le rayonnement de la France », conclut l’étude.
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