La France perd du terrain en Afrique. Ses relations se dégradent de plus en plus avec les pays africains. En Afrique du Nord, l'une des régions qui consomment le plus de blé au monde, le pays est en froid avec le Maroc depuis des années et traverse une période difficile avec l'Algérie. Ces rapports en dents de scie ont impacté les exportations françaises de blé.
En effet, l'Algérie et le Maroc se sont tournés vers un autre fournisseur de blé qui n'est autre que la Russie. Selon le quotidien d'information spécialisé dans l'agriculture Terre-Net, la France devrait expédier 4,3 millions de tonnes de blé tendre vers l’Algérie et le Maroc. Ce stock représenterait 45 % du potentiel à l’export vers les pays tiers durant la campagne d'exportation qui s’achèvera d’ici juin prochain. Un chiffre bien loin des 7 millions de tonnes dépassées régulièrement entre 2013/2014 et 2019/2020.
Les exportations françaises de blé vers ces deux pays ont donc drastiquement diminué ces dernières années. Il faut dire que même l'objectif des 4,3 millions de tonnes n'est pas garanti. Il dépendra d’abord de la capacité des opérateurs de l’Hexagone à être compétitifs sur toute la campagne, afin de reconquérir ces deux marchés traditionnels qui connaissent diverses évolutions. En l'état actuel des choses, le blé français n'a plus le monopole sur le marché algérien. Depuis la modification par les autorités, en 2021, du taux de tolérance en grains punaisés, le pays a ouvert les portes aux fournisseurs de la mer Noire, à leur tête la Russie.
Pourquoi l'Algérie et le Maroc ont-ils tourné le dos au blé français ?
Quant au Maroc, l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) a modifié, en juillet dernier, son système de restitution à l’exportation de blé. Cette décision a favorisé l'approvisionnement de blé depuis la mer Noire, notamment la Russie.
« Entre mai et juillet, le blé français n’a pas été compétitif. Loin de là. Les écarts dépassant parfois les 40 $/tonne en faveur de l’origine russe. Le blé français n’était pas capable de remplir les carnets de commandes à l’exportation vers les pays tiers. Mais la donne change depuis quelques semaines, avec d’une part un travail d’amélioration du prix de l’origine France et une remontée des prix russes liés à des retards de récolte, des tensions logistiques internes et à la prime d’assurance de fret qui reprend de l’ampleur à cause de l’insécurité maritime », explique Alexandre Marie, chef analyste pour Agritel (Argus Media France).
Il faut dire que le recul du blé français dans ces deux pays d'Afrique du Nord ne répond pas seulement à des enjeux économiques. Il est également une des conséquences de la détérioration des relations diplomatiques entre la France et le Maroc et, à un degré moindre, celles de la France avec l'Algérie.