Depuis plusieurs semaines, des retards massifs de courrier touchent de nombreux départements en France. Avec plus d’un million de lettres bloquées, certains habitants se disent pénalisés par cette situation. Syndicats et La Poste avancent des explications divergentes pour ce chaos inédit.
Au moins 1,2 million de lettres sont actuellement en retard dans plusieurs départements, dont les Pyrénées-Atlantiques, les Alpes-Maritimes ou encore la Gironde, où la situation est particulièrement critique. Par exemple, dans le centre de tri de Cestas, le courrier accumulé peut attendre jusqu’à un mois et demi avant d’être traité. Françoise, habitante de Gujan-Mestras, témoigne de cette situation, elle indique avoir envoyé sa facture de téléphone le 10 décembre, mais elle n’est jamais arrivée. Résultat, on lui a coupé la ligne.
Une crise liée aux moyens humains et logistiques
Selon Willy Dhellemmes, représentant syndical Sud PTT en Gironde, ces retards massifs sont le résultat d’une saturation des centres de tri, combinée à un manque de personnel. « L’état actuel, c’est un retard de l’ordre d’un million de courriers, jusqu’à un mois et demi » , affirme-t-il sur RMC. Ce problème n’est pas limité à la Gironde. À Rennes, par exemple, 200 conteneurs de courriers non traités, comprenant encore des lettres au père Noël, s’accumulent dans les locaux.
Les syndicats pointent du doigt les suppressions d’emplois massives à La Poste, qui aurait réduit ses effectifs de 20 000 postes en quatre ans dans le service courrier. « À partir du moment où on ferme des plateformes de tris, à partir du moment où la Poste a décidé de se séparer de beaucoup d’emplois… eh bien ce qui était prévisible, c’est qu’on a plus les moyens de traiter le courrier et le distribue », déplore Arnaud Bordier, représentant Sud PTT en Ille-et-Vilaine.
La Poste se défend
De son côté, La Poste avance des explications différentes. Selon elle, les retards s’expliquent par les absences imprévues dues à une épidémie de grippe qui a touché le personnel, ainsi que par des problèmes d’adressage sur certains courriers. L’entreprise rappelle avoir recruté 5 400 personnes en 2024 pour pallier ces difficultés. Toutefois, ces mesures semblent insuffisantes pour compenser les suppressions d’emplois des années précédentes.
Ce déséquilibre entre moyens et demandes se traduit par un fort mécontentement des usagers. Les retards, parfois de plusieurs mois, affectent directement leur vie quotidienne, qu’il s’agisse de factures non payées à temps ou d’autres documents importants. Les syndicats appellent La Poste à revoir son organisation et à réinvestir dans des moyens humains et logistiques adaptés aux besoins actuels.
Alors que les grèves et les critiques se multiplient, La Poste devra trouver rapidement des solutions pour rétablir la confiance des usagers. Le défi réside dans la conciliation entre rentabilité et qualité de service, au cœur des préoccupations des Français.