Les spécialistes prévoient un retour brutal du phénomène météorologique La Niña dès cet été, avec une intensification jusqu’à l’automne. Ce nouveau bouleversement impactera fatalement le climat mondial, y compris celui de la France.
Les modèles numériques envisagent, en effet, l’émergence rapide du phénomène La Niña dès cet été, succédant à El Niño, qui a été le plus intense depuis 2016, indique le météorologue Régis Crepet sur la Chaîne Météo. « Les océans jouent un rôle prépondérant dans la machine climatique, en particulier dans la zone intertropicale, où se jouent de multiples variations cycliques. Ces cycles, appelés « ENSO » (acronyme pour El Niño et oscillation australe) alternent entre des anomalies chaudes (El Niño), froides (La Nina) ou neutres », explique-t-il.
Ainsi, après une décennie marquée par le réchauffement des températures de l’eau du Pacifique oriental (El Niño), cette année, c’est l’inverse qui est attendu, à savoir un refroidissement de ces eaux de surface (La Nina). « Ces cycles s’alternent tous les trois à sept ans. Cependant, on a observé cette dernière décennie des transitions plus rapides et plus intenses que d’habitude, qui sont possiblement une conséquence du réchauffement climatique », prévoit Régis Crepetil.
Le nouveau bouleversement est provoqué par l’inversement des vents au large des côtes de l’Amérique centrale pour souffler de l’est vers l’ouest. Dans leur sillage, les eaux chaudes sont repoussées vers le grand large, laissant ainsi place à une remontée des eaux profondes froides du côté américain. Le Pacifique refroidit alors rapidement et sensiblement. « La baisse actuelle est déjà proche de -0,5 °C, mais la modélisation indique que le refroidissement pourrait plonger entre -1 °C et -1,5 °C à la fin de l’automne », indique le même météorologue.
Ce sont ces variations de température océanique qui impactent le climat localement. Et ces bouleversements se propageront pour atteindre toute la zone intertropicale « avec des modifications dans le régime de pluie et des températures », détaille le spécialiste. En pleine période La Niña, l’activité cyclonique dans l’océan Atlantique est amplifiée, présageant « une activité accrue » des ouragans en cette année 2024, « avec le risque de cinq ouragans majeurs » sur les régions de l’arc Caraïbes et des Antilles.
Vagues de chaleur en été et hiver précoce en vue
Mais quel impact sur la météo et le climat en France ? « Les étés en période Niña peuvent être caractérisés par une circulation océanique perturbée, entraînant un temps changeant en France, mais également par des anticyclones renforcés sur l’Europe centrale. Ces situations peuvent causer des vagues de chaleur sur notre pays », anticipe Régis Crepet.
« Comme La Niña commence tard cette année, son effet sur l’été pourrait être limité, peut-être seulement en fin de saison avec la remontée d’anciens phénomènes cycloniques atlantiques vers l’Europe. Cela ne devrait pas affecter significativement les prévisions saisonnières », nuance toutefois le météorologue.
Le phénomène est à redouter plus en hiver, « en refroidissant globalement l’hémisphère nord en raison des modifications des centres d’action (anticyclones polaires renforcés notamment », indique le spécialiste, précisant que La Niña « est généralement synonyme d’hiver précoce en France, mais il est trop tôt pour aborder ces échéances ».
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