La question de l'approvisionnement en gaz et la production de l'électricité se posent déjà en France concernant l'hiver prochain. Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, n'exclut pas totalement une pénurie à venir. Il a invoqué les faibles capacités de stockage en Europe ainsi que le coût des importations qui a augmenté. En ce qui concerne la production de l'électricité, EDF affirme pouvoir aborder la période hivernale « avec sérénité ».
À quoi s'attendre sur l'approvisionnement à l'avenir ?
Samedi 8 juillet, Patrick Pouyanné n'écartait pas totalement le risque de voir la France manquer de gaz l'hiver prochain. Le contexte géopolitique actuel ainsi que les faibles capacités de stockage européennes sèment, en effet, le doute. Patrick Pouyanné s'est exprimé à ce sujet lors d'une table ronde aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. Le PDG de TotalEnergies a prévu que les réserves de gaz seraient au maximum en octobre. Cependant, il a exprimé une certaine incertitude quant à la capacité de stockage de gaz face à un hiver rigoureux en Europe. Il a également indiqué que cette situation pourrait influencer la demande en gaz. Les Européens ne manqueraient pas nécessairement de gaz, mais la facture des nouvelles importations, nécessaires à couvrir cette demande accrue, risque d'être salée. « Les prix d'ami ne marchent pas dans un marché d'offre et de demande », a-t-il déclaré.
Gaz : le patron de TotalEnergies prudent sur l'approvisionnement pour l'hiver prochain https://t.co/GlX2KNpif8
— Europe 1 (@Europe1) July 8, 2023
Une dépendance au gaz américain
Le contexte géopolitique actuel a entraîné une suspension de l'approvisionnement européen en gaz auprès de la Russie. Le Vieux Continent s'est ainsi reporté sur l'achat de gaz naturel liquéfié (GNL) américain. Or, la prochaine élection présidentielle outre-atlantique, prévue en novembre 2024, pourrait être synonyme de nouvelles conditions d'approvisionnement en gaz pour l'Europe. Pour sa part, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s'est voulu rassurant : « Aujourd'hui, il n'y a pas d'inquiétude à avoir concernant le stockage de gaz et la situation gazière en France ou en Europe. (...) Nous devons bien entendu rester vigilants (...) Nous devons avoir accès au GNL pour affronter le prochain hiver sans difficulté », a-t-il assuré.
Patrick Pouyanné a, cependant, exprimé ses craintes de voir un candidat républicain remporter la présidentielle américaine. « Si les républicains décident de cesser les exportations (de GNL), il y a un risque systémique », a-t-il prévenu. Une crainte partagée par la directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor. Elle avertit qu'« on va quand même rester sur un système très volatil dans les années qui viennent ».
EDF sereine concernant la production d'électricité
S'agissant de l'électricité, la France est moins dépendante de l'étranger, étant donné que ses 56 réacteurs nucléaires lui permettent une autosuffisance. Le PDG d'EDF Luc Rémont a ainsi affiché son optimisme à Aix, lors de cette même table ronde aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. Si l'hiver 2022/2023 avait été marqué par la possibilité de coupures en raison de nombreux arrêts de réacteurs nucléaires pour cause de travaux, la situation devrait s'améliorer lors de l'hiver 2023/ 2024. « La production remonte. À ce stade, nous sommes en mesure de dire que nous aborderons l'hiver prochain avec sérénité », a assuré le PDG d'EDF.