Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a averti ce 20 mars 2025 qu’un financement illimité par l’État pour l’effort de défense n’était plus envisageable dans le contexte économique actuel.
Lors de son intervention sur BFMTV, il a souligné qu’il était essentiel de trouver un équilibre entre l’effort de défense et la stabilité des finances publiques. « Il y a un effort légitime, mais il doit être mesuré, il doit être financé », a-t-il précisé. En effet, la situation économique de la France, marquée par une volonté de réduction du déficit public, rend difficile une politique de dépenses publiques sans fin.
L’Union européenne fait face à une situation géopolitique tendue, avec notamment la guerre en Ukraine et l’attitude de l’ex-président américain Donald Trump, ce qui a entraîné une intensification du réarmement européen. Dans ce contexte, Villeroy de Galhau a affirmé sur BFMTV : « Je crois qu’il faut un effort de défense. Ce n’est pas à moi de décider de sa taille, mais il est légitime pour que l’Europe retrouve la maîtrise de son destin militaire mais aussi économique ». Cependant, ce besoin de renforcer l’armée européenne ne doit pas se traduire par des dépenses publiques incontrôlées, ce qui rend nécessaire une réflexion sur la manière de financer cet effort tout en préservant l’équilibre budgétaire.
Qui va prêter au début aux industries de défense ?
François Villeroy de Galhau a aussi souligné la question cruciale du financement à long terme : « Qui va prêter au début aux industries de défense ? Mais la question plus difficile, qui viendra ensuite, c’est : “Qui va payer à la fin ?” » Il a précisé que la réponse à cette question serait indubitablement le recours à l’argent public, estimant que l’État serait la seule entité capable de prendre en charge l’achat de matériel militaire et le paiement des soldats. Cette réalité soulève la problématique de la maîtrise des déficits publics, qui est devenue encore plus pressante.
Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a précisé que le secteur de la défense avait besoin d’un financement de 5 milliards d’euros. Ce montant devrait être partagé entre l’État et des investisseurs privés. Un produit de placement pour les citoyens français devrait être mis en place pour participer à cet effort national. Bien que cette initiative vise à diversifier les sources de financement, la dépendance à l’État pour les dépenses militaires reste évidente.
Le gouvernement, malgré cet effort de défense accru, vise toujours à réduire son déficit public à 5,4 % du PIB pour 2025, contre environ 6 % en 2024. Le ministère de l’Économie continue de s’engager à ramener le déficit sous la barre des 3 % d’ici 2029. Cependant, cette ambition doit tenir compte des coûts liés à la défense, ce qui pourrait peser lourdement sur les finances publiques à moyen terme.