Un an après le rachat de 294 magasins Casino par Intermarché, 28 d’entre eux pourraient fermer définitivement, menaçant 500 à 700 emplois à travers la France. L’enseigne, qui avait mis en avant une offre sociale garantissant le maintien de l’emploi, justifie aujourd’hui cette décision par des difficultés économiques. Pendant que les discussions se poursuivent avec le gouvernement, l’inquiétude grandit parmi les salariés concernés.
En 2023, le groupe Casino, fragilisé par une dette de plus de 6 milliards d’euros, avait été contraint de céder une grande partie de ses magasins à la concurrence. Dans le cadre de cette restructuration, Intermarché avait acquis 294 supermarchés et hypermarchés, en partenariat avec Auchan. À l’époque, le groupe s’était engagé à préserver près de 4 000 emplois.
Moins d’un an plus tard, les promesses s’effritent. Selon des informations rapportées par le média la Lettre, aucun repreneur ne s’est manifesté pour ces 28 magasins, et leur maintien en activité semble économiquement non viable. Parmi les raisons avancées figurent des loyers trop élevés, une baisse de fréquentation et un manque d’investissements structurels.
Des fermetures aux conséquences économiques locales importantes
La fermeture de ces magasins ne concerne pas uniquement des zones rurales ou isolées. Plusieurs villes importantes, comme Pau ou Meaux, sont directement concernées. Dans certaines communes, ces supermarchés constituent des pôles d’emplois et de services essentiels, et leur disparition pourrait entraîner des répercussions économiques significatives.
À Lucé, en Eure-et-Loir, l’un des magasins menacés emploie plus de 90 salariés. Dans cette ville et d’autres communes touchées, les élus locaux expriment leur inquiétude face aux conséquences sociales et économiques.
Un dialogue est en cours entre le gouvernement et Intermarché
Face aux tensions grandissantes, Intermarché a engagé des discussions avec les autorités pour tenter de limiter l’ampleur du plan social. Le ministère du Travail a été informé dès le 28 janvier 2025, et des négociations sont en cours avec les ministères du Commerce et de l’Économie.
Une opération de communication et de médiation a également été lancée par la direction d’Intermarché. Des rencontres sont prévues avec des collaborateurs proches du Premier ministre François Bayrou, ainsi qu’avec des représentants locaux. L’objectif affiché est de trouver des solutions alternatives d’ici mai afin d’éviter une vague massive de licenciements.
Intermarché se défend et temporise
L’enseigne ne confirme pas officiellement les fermetures, expliquant que ses équipes sont mobilisées pour soutenir les magasins en difficulté. Toutefois, elle reconnaît que certains points de vente nécessitent des investissements conséquents, et que la rentabilité de ces magasins reste incertaine.
Parmi les obstacles évoqués, des charges trop élevées, une concurrence accrue et une clientèle en baisse rendent difficile le maintien de ces magasins. Si aucune solution n’est trouvée, ces 28 magasins viendront s’ajouter aux 15 déjà retirés de la liste des rachats par l’Autorité de la concurrence en novembre 2024, comme l’indique la Lettre.
Un avenir incertain pour les salariés
Pour les 500 à 700 salariés concernés, l’incertitude demeure. Certains espèrent un rachat par une autre enseigne, tandis que d’autres redoutent un licenciement sec. Les syndicats et les représentants du personnel suivent de près les négociations et tentent de mobiliser les pouvoirs publics pour obtenir des garanties sur l’accompagnement des employés.
L’affaire Casino illustre une fois de plus les difficultés du secteur de la grande distribution, où les rachats et restructurations successifs mettent en péril des milliers d’emplois chaque année. Si des solutions alternatives ne sont pas trouvées rapidement, ces fermetures pourraient aggraver la précarité de nombreux travailleurs et accentuer la désertification commerciale de certains territoires.