L’intelligence artificielle transforme de nombreux secteurs professionnels, mais son impact différencié entre les hommes et les femmes inquiète les experts. Certains métiers, majoritairement occupés par des femmes, sont particulièrement vulnérables à l’automatisation, posant ainsi la question de leur avenir dans un marché du travail en mutation.
L’OIT estime que l’IA aura un impact sur 2,3 % des emplois mondiaux, soit environ 75 millions de postes. Cette mutation concerne particulièrement les secteurs où les femmes sont surreprésentées, notamment l’administration, les services à la clientèle et les métiers de support.
Lors du sommet international sur l’IA organisé à Paris, Gilbert Houngbo, directeur général de l’OIT, a mis en garde contre les conséquences sociales de cette évolution. Selon lui, les postes les plus automatisables sont souvent occupés par des femmes, ce qui pourrait accroître l’écart salarial et restreindre leurs perspectives d’emploi.
L’automatisation concerne en priorité les travaux répétitifs et administratifs, secteurs où les femmes sont très présentes. Par exemple, dans les centres d’appels, de plus en plus de tâches sont confiées à des chatbots et des assistants vocaux, réduisant la nécessité d’embaucher du personnel humain.
Un risque accru de précarisation pour les femmes avec l’arrivée de intelligence artificielle au travail
Si l’IA génère aussi de nouveaux emplois, ceux-ci ne bénéficient pas toujours des mêmes protections et rémunérations que les postes supprimés. Christy Hoffman, secrétaire générale de la fédération syndicale UNI Global Union, souligne que les travailleurs des industries culturelles, du service client et du marketing voient déjà leurs missions transformées par l’IA.
Les nouveaux métiers créés par l’intelligence artificielle exigent des compétences techniques et numériques avancées, un domaine où les femmes sont souvent sous-représentées. Selon une étude de Goldman Sachs, près de 80 % des femmes actives en Europe et aux États-Unis occupent des postes susceptibles d’être automatisés, contre 60 % des hommes. Cette différence risque d’exclure un grand nombre de travailleuses si des formations adaptées ne sont pas mises en place rapidement.
Un manque de formation qui aggrave le problème
Pour éviter une marginalisation des femmes sur le marché du travail, l’OIT insiste sur la nécessité d’un renforcement des dispositifs de formation. L’enjeu est double : accompagner les travailleuses vers des métiers complémentaires à l’IA, et leur permettre de développer les compétences technologiques nécessaires pour s’adapter aux nouvelles exigences du marché.
Gilbert Houngbo rappelle que ce n’est pas l’IA en elle-même qui supprime des emplois, mais le manque d’anticipation et de formation face à cette révolution. Un accès facilité aux formations numériques, notamment dans les domaines de la programmation, de l’analyse de données et de la cybersécurité, pourrait atténuer les effets négatifs de l’automatisation sur l’emploi féminin.
Des réponses encore floues face à ces défis
Alors que les experts alertent sur ces mutations, les réponses politiques et économiques restent limitées. Certains pays investissent déjà dans des programmes de formation pour favoriser la transition numérique, mais ces initiatives restent insuffisantes face à l’ampleur des changements à venir, indique huffingtonpost.
Les syndicats et organisations internationales appellent à une régulation plus stricte de l’intelligence artificielle, afin d’éviter qu’elle ne devienne un facteur aggravant des inégalités de genre. Ils plaident notamment pour la mise en place d’un cadre législatif garantissant des reconversions professionnelles adaptées, et une meilleure protection des travailleuses face aux mutations technologiques.
L’explosion de l’IA dans le monde du travail représente un défi majeur pour l’égalité hommes-femmes. Si certaines opportunités émergent, elles ne profiteront pas équitablement à tous sans une adaptation des politiques de formation et de protection sociale. Face à ces évolutions, les gouvernements et les entreprises devront rapidement prendre des mesures pour garantir une transition équitable, sans quoi l’IA pourrait renforcer durablement les inégalités professionnelles entre hommes et femmes.