L’idée d’instaurer une TVA sociale, évoquée sans être nommée par Emmanuel Macron lors d’une récente intervention télévisée, relance un débat ancien mais toujours explosif. Si le président souhaite repenser le financement du modèle social, la réaction d’Alain Madelin, ancien ministre de l’Économie, a été immédiate et virulente : il qualifie la mesure de « stupide » et fustige l’attitude du patronat.
Invité sur BFMTV, Alain Madelin, figure historique du libéralisme français, a qualifié l’idée de « stupide », accusant le président de se laisser entraîner dans une voie déjà explorée et selon lui inefficace. Il rappelle que la TVA sociale avait été testée sous d’autres prétextes : « Le premier c’était souvent de dire on va faire payer les produits importés… On a dit ensuite, je crois que c’était Nicolas Sarkozy, qui avait dit « on va en faire une taxe anti-délocalisation » », indique-t-il. Selon lui, faire peser davantage le financement social sur la consommation reviendrait à alourdir une fiscalité déjà injuste, particulièrement pour les ménages modestes.
Le patronat également critiqué
Plus surprenant encore, Madelin a élargi sa critique au patronat, et notamment au Medef, qui plaide pour une hausse de la TVA de 20 à 21 %. Il lui reproche une forme d’irresponsabilité, l’accusant d’avoir pendant des années, demandé à l’État de compenser des salaires jugés trop lourds. Ce discours, selon l’ex-ministre, a encouragé une « smicardisation » du pays, affaiblissant la dynamique salariale sans résoudre les déséquilibres structurels du modèle social.
Côté gouvernement, l’idée trouve un écho favorable. Bruno Le Maire s’est dit favorable à cette piste. Le groupe majoritaire à l’Assemblée soutient également le principe d’un financement alternatif du modèle social. En ligne de mire : la possibilité d’augmenter le salaire net des Français sans alourdir le coût du travail pour les entreprises, un objectif que le gouvernement cherche à atteindre sans provoquer un choc fiscal.
L’efficacité de la TVA Sociale remise en question
L’économiste Philippe Crevel tempère l’enthousiasme. Une hausse d’un point de TVA rapporterait environ 7 milliards d’euros, une somme marginale face aux 530 milliards d’euros que représente le coût annuel du modèle social français. L’impact potentiel sur la consommation, déjà fragilisée par l’inflation, soulève aussi des inquiétudes. Si la TVA sociale revient régulièrement dans les débats, ses effets restent largement contestés, tant sur le plan économique que social.
En 2025, le sujet reste hautement sensible. Derrière la question technique de la TVA sociale, c’est un choix politique fondamental qui se dessine : qui doit financer le modèle social français — le travail, la consommation, ou une autre voie encore à définir ?








