Les Français seraient de moins en moins touchés par le surendettement. C’est en tout cas ce que révèlent les données de la Banque de France sur les neuf premiers mois de cette année durant lesquels la hausse du nombre de dossiers de surendettement a été de 6% seulement. Cette hausse est, en effet, considérée comme modérée au vu de la hausse des prix à la consommation et du fait que les catégories touchées sont généralement des personnes sans emploi vivant seules.
Mark Béguery, directeur des particuliers à la Banque de France, a révélé, le 17 octobre, que les Français étaient moins touchés par le surendettement comparativement à la période du Covid-19. Le nombre de dossiers de surendettement est en hausse de 6% sur les neuf premiers mois de 2023, par rapport à la même période un an plus tôt. « On reste inférieurs de près de 21% aux chiffres de 2019 », a-t-il souligné.
Le surendettement survient généralement après une perte d'emploi, une rupture, ou des dépenses inattendues qui mettent les individus dans l’incapacité de faire face à leurs obligations financières. Toutefois, pour expliquer le fait que, contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, la situation de surendettement n’a pas rebondi après les années marquées par la Covid-19, plusieurs facteurs sont évoqués : les mesures d’aide d’urgence, l’adaptation des budgets des ménages face à l’inflation, et, de manière prédominante, le maintien d’un taux d'emploi élevé. Selon Mark Béguery, « c’est indéniablement une des clés de la baisse du surendettement sur le long terme ».
Le profil des individus touchés par le surendettement renforce cette hypothèse, car ils sont pour la plupart inactifs. Mark Béguery explique qu’il s’agit principalement de personnes vivant seules, avec une légère prédominance de femmes. Par ailleurs, la moitié de ces individus disposent de revenus très limités, inférieurs au seuil de pauvreté monétaire, qui s’élève à un peu plus de 1 100 euros par mois. Il faut souligner d’ailleurs qu’il n’existe pas de seuil ou de limite précise pour définir la situation de « surendettement » d’une personne, comme le rappelle Mark Béguery.
Selon le ministère de l’Économie, au total 113 000 personnes se sont retrouvées en état de surendettement en 2022. Malgré les pressions inflationnistes qui ont débuté fin 2021 et ont culminé en 2022, ce chiffre représente une baisse de 7% par rapport à 2022. En effet, le nombre de ménages en surendettement a diminué de 40 % depuis 2016. En 2022, les données de la Banque de France révèlent que les femmes et les individus « isolés » sont surreprésentés dans les cas de surendettement.
Surendettement : les femmes touchées à 55%
Les femmes représentent 55 % des débiteurs et codébiteurs, contre 50 % dans la population française générale. En outre, les femmes célibataires avec enfants représentaient près de 20 % de ces cas, même si elles représentent moins de 10 % de l’ensemble des ménages. Les hommes n’étaient pas non plus à l’abri du surendettement : 28 % des ménages surendettés étaient des hommes vivant seuls (16 % de la population française).
Il faut savoir que les individus qui ont recours aux services de la Banque de France présentent un endettement d’environ 25 000 euros. Ces statistiques sont établies sur la base des personnes ayant pris l’initiative de solliciter l’institution. Afin de prévenir tout risque de surendettement dissimulé, la Banque de France prévoit de renforcer sa visibilité par le biais d’une campagne de communication qui sera lancée prochainement. Un an après la mise en place du numéro 3414, visant à faciliter l’accès aux personnes en difficulté financière, la Banque de France a enregistré une augmentation de 34 % des demandes d’accompagnement et d’informations.
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