Au mois de mai 2023, l'Insee annonçait un repli de l'inflation, passant de 5,9 % à 5,1 %. La hausse des prix connaissait alors un léger ralentissement, principalement dû à la baisse de la demande mondiale et à une chute des prix de l'énergie et des matières premières.
Les politiques monétaires continuent de s'ajuster avec, pour objectif de fond, la volonté de juguler l'inflation. Or, les tensions sur les marchés immobiliers, le niveau élevé de la dette publique ainsi que le taux de chômage sont autant de facteurs qui exercent une pression à la hausse sur l'inflation.
Un resserrement des politiques monétaires sans précédent depuis 50 ans
La lutte contre l'inflation entre dans sa phase « la plus difficile » pour les banques centrales, a informé dimanche 25 juin 2023 la Banque des règlements internationaux (BRI). Les banques centrales prévoient, à ce titre, un nouveau rehaussement de leurs taux d'intérêt. Les politiques menées par ces dernières sont les plus austères depuis les années 1970, avec des taux d'intérêt historiquement hauts. C'est ce qu'explique dans son rapport la BRI, considérée comme « la banque centrale des banques centrales ».
L'objectif affiché par la BRI et les banques centrales est d'empêcher un enracinement durable de l'inflation. Le resserrement des politiques monétaires s'effectue dans un contexte bien particulier. Il est, en effet, caractérisé par un endettement très important des entreprises et des États, qui a été permis par une période aux taux d'intérêt extrêmement bas.
« Stabiliser l'inflation demande des efforts », a déclaré Agustín Carstens, directeur général de la BRI et ex-gouverneur de la Banque centrale du Mexique, dans un communiqué complétant le rapport de la BRI. « Un ajustement trop lent aujourd'hui pourrait nécessiter encore plus d'efforts à long terme », a-t-il également estimé, ajoutant que « la dernière ligne droite est généralement la plus difficile à parcourir ».
La BRI donne une analyse de la situation qui aurait été utile il y a 10 ans après la Crise de 2008... (taux bas, inflation-réhausse des taux-contraction monétaire).
Ils savent que l'instauration des #CBDC n'est qu'une question de semaines...
La panacée de l'hyperclasse arrive. https://t.co/r66IuJQ1jm— Marc Gabriel Draghi (@gabriel_draghi) June 25, 2023
Inflation et instabilité financière, un cocktail détonant
L'inflation a, donc, commencé à connaître un recul au niveau national et européen. Cela s'explique, en majeure partie, par la baisse des cours des matières premières et la reprise des échanges et des approvisionnements au niveau mondial. Selon Agustín Carstens, qui a prononcé un discours dans le cadre de l'Assemblée générale de la BRI à Bâle, en Suisse, il s'agit là des « gains » les plus « faciles » à réaliser.
D'importants efforts demeurent encore à fournir, selon lui. Cette « dernière ligne droite » s'effectuera dans un contexte marqué par des tensions sur les marchés immobiliers, un niveau élevé de la dette publique ainsi que par un taux de chômage à son plus bas niveau depuis des décennies, précise Agustín Carstens. Un contexte d'ordinaire peu propice à la réduction de la montée de l'inflation. « Pour la première fois depuis des décennies », l'inflation et l'instabilité financière évoluent « en tandem », avertit le DG de la BRI, soulignant que le cycle de resserrement des taux d'intérêt a déjà mis en évidence les fragilités du système financier international.
Il a cité en exemple le séisme des caisses des retraites au Royaume-Uni ainsi que l'effondrement de la banque américaine SVB et celui du Credit Suisse. La BRI a incité les gouvernements, dans son rapport annuel, à réduire les déficits. Elle rappelle que des politiques budgétaires rigoureuses sont de nature à contribuer à stabiliser l'économie et met en avant l'impératif, pour les banques centrales, de jouir d'une marge de manœuvre accrue.